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Bande de filles

Bande de filles

Nationalité : Français
Genre : Drame
Durée : 1h52min
Date de sortie : 22 octobre 2014
Réalisateur : Céline Sciamma
Acteurs principaux : Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh

Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

C’est une plongée dans la France profonde des banlieues parisiennes que nous offre ce film. Et une plongée dans le monde de l’adolescence, que Céline Sciamma continue d’explorer. Elle avait commencé avec "La naissance des pieuvres", son premier film, mais ici elle rejoint un tout autre milieu. Quel avenir quand on a 16 ans, et que s’accumulent tous les obstacles : origine africaine, échec scolaire, grand frère autoritaire et violent qui régit la famille, banlieue paupérisée loin des circuits de réussite ?

Mariemme, la fille à laquelle le film s’attache, est à la croisée des chemins : elle a déjà redoublé sa troisième, et elle refuse tous les avenirs que la société lui proposerait : continuer en lycée technique, après lequel elle pourrait trouver un petit boulot ; devenir femme de ménage dans une société de nettoyage, comme sa mère. Mais il y a plus que cela, et c’est en cela que ce film est un fait de société : elle s’est agrégée à une bande de quatre filles, qui prennent la vie du bon côté et vivent au jour le jour ; mais lorsqu’elle voit réapparaître, avec un bébé sur le dos, celle qu’elle a remplacé dans la bande, lorsqu’Ismaël, dont elle est tombée amoureuse, lui propose le mariage, elle dit à nouveau : je ne peux pas ! Pourquoi se marier ? pour avoir un enfant, puis une vie banale, comme tant d’autres ?

C’est donc une interrogation radicale sur notre société, exactement la même que dans le très beau film polonais « Ida », sorti en février, que soulève ce film. Des jeunes aspirent à une autre vie. Mais qui leur apprendra ce que c’est que vivre ? Que va devenir Mariemme, qui reste seule, sans horizon ? Le film est dur, mais grâce au talent de Céline Sciamma, il sonne juste, sans trace de misérabilisme, et invite à réfléchir, bien au-delà des "bandes de filles" africaines des lointaines banlieues.

Père Jacques le Fur