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Le démantèlement

Semaine de la critique
Le démantèlement

Nationalité : Canadien
Genre : Drame, Famille
Durée : 1h51min
Date de sortie : mai 2013
Réalisateur : Sébastien Pilote
Acteurs principaux : Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier

Gaby a une ferme où il élève des agneaux. Il n’a pas de fils mais deux filles qu’il a élevées comme des princesses et qui habitent loin dans la grande ville. Un jour l’aînée lui demande de l’aider financièrement. Gaby, chez qui le sentiment de paternité s’est développé jusqu’à la déraison, décide de démanteler sa ferme...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La ’fin de vie’ est un thème fort présent en ce début de festival - ici sous une autre forme : celle du père-pélican qui sacrifie sa vie à celle de ses enfants. Façon de parler, personne ne meurt, et l’on a de quoi espèrer que Gabriel aura la force de conduire son dernier parcours, une fois toutes les portes fermées derrière lui, riche de son amour pour ses filles.

Parce que la réussite de ce film, que l’on pourrait voir comme une désespérante marche à l’abîme, est d’être un beau et constant poème d’amour. Amour de Gaby pour sa ferme, ses bêtes, ses terres, sa maison, que de superbes et calmes images nous font connaître et aimer - sans en cacher les défauts et duretés qui sont de leur vérité ; amitié réelle avec son copain Louis, que ne rebutent ni ses silences ni ses lubies ni ses entêtements ; amour resté vivace pour l’épouse partie, qui a quitté depuis bien longtemps la ferme trop prégnante dans leur vie ; amour total, enfin, pour Marie et Frédérique, leurs deux filles vivant ailleurs, qui viennent rarement ou jamais pour le voir, mais qui sont sa raison d’être et d’être heureux si elles le sont.

Si bien qu’en fin de compte c’est lui, lucide et sage face à sa vie, qui nous rend courage lorsque nous souffrons de le voir se résoudre à tout quitter, lorsque nous souffrons de le voir assister au démantèlement pièce à pièce du cadre de toute son existence ("Un lot d’outils, mise à prix 5$"), lorsque nous souffrons de le voir accepter un studio dans un foyer pour anciens au dessus du vacarme de l’autoroute. Lui qui, tout en ressentant vivement la douleur de ces arrachements, sait faire la part des vraies blessures et des vraies richesses : coup de chapeau ici au remarquable travail de Gabriel Arcand, Gaby à l’écran, qui nous fait partager tout cela dans une extrème sobriété, presque sans gestes ni paroles, par des attitudes et des regards.