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For Those in Peril

For Those in Peril

Nationalité : Royaume-Uni
Genre : Drame
Durée : 1h33
Réalisateur : Paul Wright
Acteur principaux : George MacKay, Kate Dickie, Nichola Burley

Aaron, un jeune marginal vivant au sein d’une communauté isolée en Écosse, est le seul survivant d’un accident de pêche qui a coûté la vie à cinq hommes dont son frère aîné. Poussés par les vieilles légendes et superstitions du coin, les habitants du village le blâment pour cette tragédie et le rejettent. Refusant fermement de croire à la mort de son frère, Aaron part à sa recherche.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le film fait partie de la catégorie des « between » qui vivent de la mise en tension de genres divers. Cette première œuvre oscille, en les alliant, entre réalisme et mythe, entre tragédie et conte de fée, entre le récit linéaire des conséquences d’un événement et les souvenirs et l’imaginaire du jeune anti-héros, Aaron, un marginal un tantinet dérangé, seul survivant d’un naufrage qui a emporté son frère aîné avec quatre autres victimes.

Le titre provient d’une prière, dite lors d’une cérémonie à la mémoire des disparus, et qui fait écho à la ferveur d’Aaron. Rejeté par la communauté qui le tient pour responsable de l’accident – « ils n’auraient jamais dû emmener quelqu’un comme toi » - celui-ci nourrit progressivement l’idée folle de pouvoir sauver les disparus, en se référant à un vieux mythe que sa mère lui racontait : c’est le diable qui a avalé les enfants du village et un jeune et courageux garçon a fini par vaincre le diable et sauver ses victimes.

Méditation sur le deuil impossible, dont le revirement inattendu de la fin semble indiquer que seuls les rêves d’enfants permettent d’échapper à l’emprise paralysante de la tristesse.


"...Pour ceux au péril de la mer...", chant traditionnel consacré aux marins et pêcheurs. Nous sommes dans un petit village côtier écossais ; les sauveteurs ont ramené Aaron, seul survivant d’un naufrage où six autres marins, dont son frère Michael, ont disparu. Lui ne se souvient de rien. Le film est parsemé d’images video (le sauvetage), amateurs (l’enfance des gamins), d’archives N&B (fureurs de la mer) dans un récit où passé proche ou lointain, présent réel ou imaginé, souvenirs, rêves et fantasmes se mêlent dans une confusion signifiante.

Loin de progresser vers une ’vérité’ - qui est Aaron, que s’est-il passé ? - nous voyons au contraire se brouiller l’image initiale du jeune rescapé qui se sent coupable de l’être, dans des métamorphoses de psychologie collective (la communauté respecte plus les disparus que les survivants, l’ostracisme envers Aaron devient menaçant et accusatoire) et personnelle : Aaron d’abord passif trouve un second souffle dans une recherche délirante où il veut embarquer aussi l’amie de son frère. Les louvoiements du film entre réel et irréel s’enracinent d’une part dans les failles psychiques d’Aaron, d’autre part dans le conte par lequel leur mère a bercé ses fils : c’est un enfant qui ira au coeur de la mer libérer ceux que le diable marin a dévorés, et qui lèvera la malédiction jetée sur le village. Et la mère se dresse sur la plage face au monstre sanguinolent...

Sur un registre de poésie du rêve et de la nature, une investigation dans les méandres de l’esprit, avec le portrait convaincant d’un milieu de vie où l’âpreté est la norme.