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Vous n’avez encore rien vu

Sélection Officielle
Vous n'avez encore rien vu

Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h55min
Date de sortie : 26 Septembre 2012
Acteurs principaux : Mathieu Amalric, Sabine Azéma, Anne Consigny
Réalisateur : Alain Resnais

Après sa mort, Antoine, homme de théâtre, fait convoquer chez lui tous ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions de sa pièce Eurydice. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce : une jeune troupe lui a en effet demandé l’autorisation de la monter et il a besoin de leur avis...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le début de ce film touche au sublime tant les trouvailles y sont nombreuses et heureuses : ces acteurs qui jouent leur propre rôle, cette convocation étrange à un rendez-vous funèbre, cette maison extraordinaire où les attend leur hôte, mort sans doute mais surgissant à leurs yeux dans un film qui se dévoile soudain... Et puis cette idée proprement stupéfiante d’associer dans la représentation de la même pièce, Eurydice , trois générations d’acteurs qui ont y ont joué et qui reprennent leur rôle, se passant le relai de scène en scène, mêlant de façon vertigineuse et confondante le réel à l’imaginaire, le passé au présent.
Et puis, on ne sait pourquoi, voilà que le disque se raye. La trouvaille devient procédé répétitif. On a dès lors l’impression d’assister à une interminable émission de théâtre filmé dans laquelle le changement systématique d’interprètes a perdu toute sa magie initiale et ne provoque plus qu’agacement, tandis que les semelles de vent qui nous emportaient très haut dans les premiers moments du film se changent en semelles de plomb qui s’enlisent dans la théâtralité des dialogues de Jean Anouilh.


Mise en abyme à plusieurs niveaux d’une pièce de théâtre, Orphée et Eurydice : d’anciens interprètes visionnent la vidéo d’une proposition de nouvelle mise en scène. L’installation de cette scénographie peut paraître artificielle, mais Alain Resnais réussit ainsi à respecter l’identité artistique de ses prestigieux acteurs dont les interprétations deviennent chacune à son tour notre vérité. Plusieurs versions des mêmes scènes se substituent les unes aux autres, dans leurs décors changeants, peuplées de fantômes émouvants. L’antique sujet prend, au cours de la projection une signification de plus en plus empreinte d’actualité, et l’issue finale illustre encore à sa façon la multiplicité des visages du mythe.