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Student

Student

Pays : Kazakhstan
Genre : Drame
Durée : 1h30
Date de sortie : prochainement
Avec Yedyge Bolysbayev, Maiya Serkibayeva, Bakhytzhan Turdaliyeva
Réalisé par Darezhan Omirbayev

Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski Crimes et châtiments. L’action se déroule au Kazakhstan de nos jours. Le protagoniste du film est un étudiant en philosophie. Il loue une chambre au sous-sol d’une maison occupée par une vieille dame, loin du centre-ville et il souffre de manque d’argent et de solitude. Parfois il va acheter du pain chez l’épicier du coin et peu à peu l’idée de cambrioler le magasin lui vient à l’esprit. Il est aussi influencé par un environnement de pauvreté et une idéologie de compétition, avec la division des riches et des pauvres, des forts et des faibles.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Dostoievski, Kaurismäki, Bresson : nombreuses sont les bonnes fées invitées au berceau de ce film.
Dostoievski déjà, pour le sujet, largement inspiré de Crime et châtiment : ici Raskolnikoff est un étudiant pauvre d’Albaty qui en arrive au meurtre d’un épicier, moins par misère que pour se prouver qu’il est capable d’un "acte".
Kaurismäki ensuite, par une écriture qui mélange à la fois la science des cadrages, le raffinement des couleurs et la pratique d’un humour froid et décalé.
Bresson enfin et surtout, dans la foulée du réalisateur finlandais. Bresson dont l’on retrouve la façon lisse de filmer, l’expression atone des personnages, la volonté de supprimer tout ce qui est anecdotique pour mieux mettre en valeur l’essentiel. L’influence de Bresson ne se limite d’ailleurs pas à l’écriture. Nombreuses ici sont les références à Pickpocket . On y pense en particulier en voyant ce personnage de jeune fille, véritable conscience de l’étudiant, et dont le silence (elle est muette, une belle trouvaille !) conduira le criminel à se dénoncer.
Mais qu’on ne croie pas que ces références manifestes fassent de Student un plagiat ou un collage. Disons que ce sont plutôt comme autant de greffes réussies dont le résultat est ce film fascinant et incontestablement très personnel, à la fois implanté dans la réalité d’une république mal connue de l’Asie Centrale et dans une réflexion universelle sur l’homme.


Ce cinéaste kazakh avait déjà attiré l’attention par ses films précédents, en particulier « Tueur à gages ». Il choisit cette fois de s’inspirer de la trame du roman « Crime et Châtiment » de Dostoievski, qu’il transpose à Almaty (ex Alma-Ata), ancienne capitale et plus grande ville de cette république d’Asie Centrale. Un étudiant sombre et complexé veut se prouver à lui-même qu’il n’est pas un lâche et décide de tuer son épicier pour s’emparer de son argent. Chez lui aussi la conscience se réveillera, sous l’influence d’une jeune fille, et il choisira de se rendre à la police. La scène finale, les quatre mains qui se rejoignent à travers la grille qui les sépare à la prison, est très belle Mais le sujet qui semble le plus tenir à cœur au cinéaste, c’est la situation sociale de son pays, où dominent sans vergogne les milliardaires et les oligarques, où les fossés sociaux sont devenus des abîmes, que l’on voit justifiés par une professeure de Fac, affirmant qu’enfin grâce au capitalisme et après 7O ans d’un socialisme ruineux, chacun pouvait réussir et s’enrichir grâce à la loi de la concurrence. La scène inaugurale, où une star mariée à un milliardaire fait rosser par ses sbires un serviteur maladroit, est déjà révélatrice. La tension entre ces deux objectifs, Dostoïevski et le Kazakhstan en 2012, n’évite pas au film un certain déséquilibre, malgré le talent du réalisateur.