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Nuages de mai

Quinzaine des Réalisateurs
Nuages de mai

Pays : Turquie
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h55min
Acteurs Principaux : Muzaffer Özdemir, Emin Ceylan, Fatma Ceylan
Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan

Un jour de mai, Muzzaffer retourne dans sa ville natale d’Anatolie où vit encore sa famille pour y tourner un film. Son père, Emin, s’acharne à empêcher la confiscation par les autorités locales du terrain et de la forêt dont il s’occupe depuis toujours. Son cousin Saffet rêve de quitter l’usine, tandis qu’Ali, son petit neveu de neuf ans, souhaite posséder une montre musicale.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film est largement autobiographique de l’aveu même du réalisateur présent dans la salle pour une leçon de cinéma succédant à la projection. On y voit un cinéaste revenir chez ses parents, en Anatolie, pour y tourner un film et parvenir à impliquer dans son projet quelques membres de sa famille. Ce mince scénario permet à Nuri Bilge Ceylan de porter un regard admiratif, tendre mais également précis sur ses proches. Il se donne - et nous donne- le temps de contempler l’écoulement du temps, ses parents vieillissants, son neveu "lui rappelant son enfance", les petits riens d’une vie calme et la nature, nuages, champs et forêt, où celle-ci se déroule. Avec empathie, il observe chacun arpenter une étroite frontière : lui-même, par le biais de cette mise en abyme, oscille entre l’art et la réalité ; on peut admirer la ténacité du père à sauver ses arbres, symboles de toute une vie de fidélité et de tradition, ou la considérer comme de l’obstination dérisoire ; le petit garçon bascule de l’innocence à l’apprentissage de la dissimulation, à moins qu’il ne s’agisse d’une forme de débrouillardise responsable ; le cousin est-il velléitaire et paresseux ou rêveur jouant de malchance ? Les personnages sont successivement isolés dans leurs préoccupations puis rassemblés autour d’un même feu de camp au sein d’une nature parfois menaçante (pleuvra-t-il ?), parfois menacée (les arbres seront-ils coupés ?). De leurs rencontres ou de leurs oppositions nait une foule de questions plus profondes qu’il n’y parait : par exemple est-il plus important de se battre pour quelques arpents de bois ou de partager le rêve de son fils cinéaste ?