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Moonrise kingdom

Film Ouverture
Moonrise Kingdom

Pays : Amérique
Genre : Comédie, Drame
Durée : 1h34
Date de sortie : 16 Mai 2012
Acteurs principaux : Jared Gilman, Kara Hayward, Bruce Willis
Réalisateur : Wes Anderson

Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violent tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le titre - ’Royaume du lever de lune’ - ne veut rien dire, mais évoque avec justesse l’atmosphère de conte poétique du film : un amour de gosses, rendu de façon charmante par les débutants Kara Hayward et Jared Gilman qui fuient ensemble le monde qui leur est fait à l’une et l’autre, et où ils souffrent. Les scouts, les parents, la police se lancent à leurs trousses sur une île faite sur mesure où se déchaînera une tempête de jugement dernier. Tout cela est narré sur le ton de la plaisanterie et animé par nombre d’inventions astucieuses (la cabane perchée, le mégaphone familial...) La confrontation entre le monde des enfants et celui des adultes, entre lesquels n’existent que quelques fragiles passerelles (mais les fractures ne manquent pas de chaque côté !) fournit bien sûr la toile de fond, sans prétention pédagogique mais sans mièvrerie non plus.
Cadrages, lumières, costumes, décors et photographie impeccables, Wes Anderson a mis un soin maniaque à tout bien faire ; on est surpris de voir ses Grands Acteurs employés dans des rôles minuscules, mais ce superbe casting confirme les spectateurs dans l’agréable sensation qu’on ne s’est pas moqué d’eux, sans pour autant leur demander de prendre tout cela au sérieux. Un plaisir sans mélange, qui finit bien et paisiblement.


Le Festival de Cannes commence très fort. Les deux premiers films projetés sont, dans des styles extrêmement différents, de grands films, qui marqueront.
Le film d’ouverture confirme le talent exceptionnel d’un réalisateur très original, Wes Anderson. Le ton dominant est celui de la comédie au rythme débridé et à la fin carrément extravagante. Mais la musique de Britten qu’écoutent les enfants, les couleurs vives et contrastées, la note poétique donnée à la fantaisie, les parcours merveilleux dans la nature préservée d’ une île de la Nouvelle Angleterre, manifestent qu’au-delà de la comédie l’auteur veut nous conter une belle et grave histoire : un jeune orphelin d’une douzaine d’années, qui se sent très seul et un peu à part, est tombé amoureux d’une jeune fille de son âge, qui elle-même rêve d’aventure. Les épisodes échevelés d’une intrigue qui ne se prend jamais au sérieux serviront de révélateurs : on s’attache à ces deux enfants et à ce que leur destin a d’unique, on découvre autour d’eux les dessous cachés du petit monde des adultes, les parents, les éducateurs, l’effrayante représentante de « l’Action Sociale » (Tilda Swinton, comme toujours excellente). C’est donc finalement, mais de manière très enlevée, une nouvelle « comédie humaine » qui nous est présentée.


Voici une comédie rafraichissante jouant de façon décalée avec les clichés de nos enfances. Le ton est donné dès les premières images qui montrent l’intérieur de la maison de la jeune Suzy à la façon d’une maison de poupée. Sam, scout au comportement dérangé et que personne n’aime, s’enfuit avec elle. Leur escapade se limite à une île, parfaite image pour cette adolescence qui s’éveille, menacée par une tempête dévastatrice et où les adultes n’ont pas le beau rôle. Edward Norton en chef de scout quelque peu ridicule et Bruce Willis en policier mélancolique se liguent in fine pour mettre en échec la patronne des services sociaux (Tilda Swinton), chargée de placer le jeune héros en orphelinat – où il risque un traitement d’électrochoc pour troubles de comportement, ce qu’elle annonce sans état d’âme. Les deux hommes prennent sur eux leurs propres blessures pour sauver Sam. Après tant de films sur l’absence des pères, serait-ce le début d’un revirement du navire cinématographique ? Le tout est très enlevé, filmé avec de multiples éléments de mise à distance : Suzy habillée en dimanche et emportant ses livres d’aventure qu’elle lit à haute voix, le camp des scouts à la discipline risible à force d’être impeccable, les « armes » des jeunes… sans compter le personnage décalé qui raconte ce qui se passe, face à la caméra. L’ouragan qui dévaste l’île, métaphore pour celui qui dévaste nos paysages intérieurs au moment de l’adolescence, laisse place à un paysage pacifié.