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Jagten

Sélection Officielle
The Hunt
Jagten

Pays : Danois
Genre : Drame
Durée : 1h46min
Date de sortie : Prochainement
Acteurs principaux : Mads Mikkelsen, Alexandra Rapaport, Thomas Bo Larsen
Réalisateur : Thomas Vinterberg

Un homme récemment divorcé est accusé par une jeune fille de cinq ans d’abus sexuel.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Un homme et des enfants se côtoient et s’amusent, dans un petit village où tout le monde se connait ; mais connaît-on vraiment l’autre ? L’employé d’une garderie est, lui, apprécié pour sa gentillesse et sa disponibilité malgré ses déboires conjugaux. A l’occasion d’un tout petit mensonge émis par une toute petite fille à son encontre, le soupçon devient certitude. Alimentés par ceux qui se laissent influencer par l’opinion des autres, les ragots révèlent la peur des habitants. Véritables dérives liées au phénomène culturel qui place l’enfant au centre de la cellule familiale, veille et protection accrue forment un cocktail qui deviendra explosif.
Inexorable est le processus qui conduit à la destruction du personnage principal, acteur tout en finesse et en retenue. L’on voudrait pouvoir arrêter le déroulement des faits ! Le spectateur, persuadé de l’innocence du personnage et aussi conscient des raisons qui meuvent ses détracteurs, se sent impuissant et tremble avec lui. Sans voyeurisme aucun, avec juste ce qu’il faut de plans desquels sourd un immense malaise, une violence intense, non exprimée au départ, se manifeste brutalement sous la pression d’un délire collectif. D’aucuns extériorisent leur haine par des attitudes et des paroles, d’autres en viennent aux mains. Cet engrenage manquera de broyer cet ancien employé qui trouvera, aidé par son fils et son frère, la force de lutter. Il croira avoir vaincu la calomnie jusqu’à ce qu’elle lui revienne en boomerang.


Une fausse accusation de pédophilie fondée sur les propos d’une enfant qui sait à peine parler, et que sur-interprètent des accusateurs incompétents, on ne peut éviter le parallèle avec la triste affaire d’Outreau. "Tu ne jugeras point" : c’est lorsqu’ils sont plus difficiles à respecter que les préceptes sont le plus nécessaires ! En boule de neige, prudence, méfiance et peur deviennent une avalanche de haine dont la victime, même une fois "réhabilitée", restera pour toujours affectée, gibier devant la meute. Un récit simple et direct, des dialogues peu nourris mais très précis, un acteur (Mads Mikkelsen) de tout premier plan : la mécanique du déferlement irrésistible est présentée avec la force de l’évidence. Dogma est peut-être mort, mais ce fut une bonne école !


Un film fort, âpre, sur un sujet difficile et d’actualité : comment la lutte contre la pédophilie peut conduire à condamner un innocent sur la base de ce que dit un petit enfant. Mais le second sujet du film est la violence, ou comment une communauté paisible peut basculer dans la haine.
Le film débute sur une partie de chasse suivie d’une soirée entre hommes. Ils sont joyeux, fraternels et pourtant presque bestiaux dans leur beuverie ; on pressent que cette bestialité latente pourrait devenir autre chose.
Après ce prologue, le film nous emmène dans un charmant village où tous les voisins se connaissent et semblent amis, et dans le jardin d’enfants où travaille Lucas. Cette paix va basculer très vite à la suite d’un rien, un petit mensonge de la jeune Klara, dépitée que Lucas n’ait pas accepté son cœur en perles. Réaction prudente de la directrice et des autorités qui veulent se couvrir et une mécanique implacable s’enclenche qui va faire de Lucas un coupable sans même l’entendre. Les amis deviennent des ennemis, la haine s’insinue partout, la violence se déchaine contre Lucas qui ne garde comme soutiens que son fils et son ami d’enfance.
Thomas Vinterberg sait nous faire passer du bonheur paisible à l’angoisse, il fait monter la pression dans des scènes de plus en plus violentes, en plan serré : la mort du chien, le lynchage au supermarché, la scène de l’église le soir de Noël. Un cinéma qui, par sa vraisemblance et son efficacité, prend à la gorge le spectateur.