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Dupa Dealuri (Au-delà des collines)

Sélection Officielle
Dupa Dealuri (Au-delà des collines)

Pays : Roumanie, France, Belgique
Genre : Drame
Durée : 2h30min
Acteurs principaux : Cosmina Stratan, Cristina Flutur, Valeriu Andriuta
Réalisateur : Cristian Mungiu

Alina revient d’Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu’elle ait jamais aimée et qui l’ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et en amour, il est bien difficile d’avoir Dieu comme rival.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La campagne roumaine est nue et froide sous le triste ciel d’automne, et bientôt l’hiver apportera la neige. Dans un enclos de légères barrières, les quelques bâtiments d’un modeste couvent, un pope et une douzaine de religieuses. Amenée là par l’une d’elles, son ancienne camarade d’orphelinat, une jeune femme étrangère au groupe va déclencher le pandémonium : elle refuse de renoncer à sa passion amoureuse pour sa compagne, qui ne s’y attendait pas, solide dans sa nouvelle vocation. La réussite de Christian Mungiu est d’avoir su raconter une effarante histoire d’exorcisme médiéval (tirée d’un fait divers récent) sans tomber dans la caricature (sauf exception - le brancard en forme de crucifix !?). Au delà du vertige devant une imprégnation religieuse que l’on croyait d’autres temps et lieux, les conditions actuelles de la Roumanie se révèlent par les nombreux détails illustrant précarité et délabrement matériels et institutionnels. De grandes qualités d’image et de rythme, mais, quand même, 158 minutes...


Elles se retrouvent sur le quai de la gare. Pour la ramener en Allemagne, Alina vient chercher son amie Voichita qui vit dans un monastère orthodoxe. Là, Voichita estime excessive l’étreinte d’Alina. Ce n’est pas tant parce qu’on "nous voit" comme elle le dit, que parce qu’elle à pris de la distance à l’égard de son passé par un autre choix de vie. La présence de Voichita est indispensable à Alina qui veut l’exiler loin de sa nouvelle communauté. Toute la problématique du film est présente, me semble t-il, dans cette première séquence et la suite raconte comment Alina ne pouvant se libérer de son emprise sur Voichita se trouve elle-même enchainée. Il y a aussi un problème relationnel à l’intérieur du couvent : appeler le pope "papa" et la supérieure "maman" n’est-il pas sans ambigüité ? La référence constante au péché est-elle saine ? Et la foi ne peut-elle pas être perçue dans certains cas comme une emprise ? "Lâche-moi avec ton Dieu !". Comme pour faire vivre intensément et en profondeur ce qui est présenté, le réalisateur fait souvent le choix de longs plans séquence : en plan général, comme lors du déneigement de la cour du monastère, ou en plan rapproché, comme dans la scène d’exorcisme. Il y a de quoi être dérouté !