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Les Bêtes du sud sauvage

Beasts of the southern wild

Pays : Film américain
Genre : Drame
Durée : 1h32
Date de sortie : prochainement
Avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander
Réalisé par Benh Zeitlin

La vie d’une petite fille est radicalement transformée quand son père est victime d’une étrange maladie, alors même que le monde subit un déclin brutal. La hausse des températures entraine une montée des eaux et libère des créatures préhistoriques. L’enfant décide alors de partir à la recherche de sa mère.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Est-ce une farce, ces Robinsons ivrognes qui ne parlent que par hurlements et mangent cru ce qui grouille sous la surface de l’eau ? Un drame social, ce dénuement, ce père irresponsable d’une fillette livrée à elle-même qui prend la lampe à souder pour un allume-gaz ? Un pamphlet post-Katrina, avec digue en béton protégeant de l’inondation l’usine prétro-chimique tandis que les pauvres sont abandonnés à la submersion ? Un plaidoyer "Laissez-les vivre" contre ces autorités bienveillantes qui ne peuvent tolérer ce petit peuple hors normes ? Ou un poème révélé par les yeux magiques de la gamine capable de dompter d’un regard les aurochs préhistoriques qu’a libérés de la glace la fonte du pôle Sud ? De tout cela un peu, en effet, au grand mérite d’un réalisateur créatif et audacieux.


Eblouissant, ahurissant... un film qui devrait nous secouer, tant il prend à rebours, avec jubilation, tout ce qui fait de (beaucoup d’entre) nous les gens que nous sommes dans la société où nous vivons ! Un père et sa fillette vivent, ainsi que quelques semblables, dans un no-man’s land interdit au milieu des bayous. Des cabanes de planches et de tôles pour abri, des cartons et bidons pour mobilier, de la gnôle pour se donner du coeur et des hurlements comme langage : on mange cru ce qui grouille sous la surface de l’eau, et quand la gamine allume le gaz avec une lampe à souder, cela ne fait qu’une catastrophe de plus. Dans ce monde envahi de plantes, racines et animaux plus ou moins domestiques, ne manque que sa mère, et rôdent des monstres assez effrayants, aurochs que la fonte du pôle sud a libérés de leurs glaciers et qu’elle saura affronter au moment de la mort de son père.


Quel film étrange ! Un film qui nous transporte dans les bayous du Sud de la Louisiane, dans un milieu d’habitants très pauvres, qui s’accrochent à ce pays dominé par l’eau, à quelques encablures seulement de la grande ville. Le grand intérêt du film est d’être tout entier construit à partir du regard et de la voix off d’une petite fille de 6 ans, Hushpuppy. Sa mère est disparue, mais elle lui parle encore, dans l’espoir de la voir revenir. Son père est souvent violent, alcoolique et bientôt malade. Cette petite fille est merveilleuse. Le film va lui faire traverser toutes sortes d’aventures rocambolesques, fruit des intempéries sans doute mais tout autant de son imagination. Elle traverse tout avec une force étonnante, un regard ébloui, mais parfois durci par les épreuves, on ne peut qu’admirer la jeune actrice qui l’interprète. Et l’on retrouve la nature primitive, ce pays gorgé d’eau, des images étonnantes. Un film vraiment hors du commun, qui a été vigoureusement applaudi.


"Il était une fois une petite fille qui vivait avec son papa dans un bassin" (en Louisiane). Dès le début du film vous avez envie de rester en compagnie de Hushpuppy qui a 6 ans. Elle écoute battre le coeur des animaux. Elle vit dans le plus beau pays du monde pourtant c’est loin d’être le paradis. Là, elle fait son initiation à la vie et est confrontée au manque de la maman, la maladie du papa, la peur de l’invasion des aurochs. Mais "pas comme une mauviette...pas pleurer". Il faut faire face aux déchaînements des éléments : "l’univers marche bien quand tout est à sa place... des fois les choses sont tellement cassées qu’on ne peut plus les réparer ". Dans un premier temps il faut s’en sortir grâce à un objet flottant non identifiable qui peut rappeller l’arche de Noé et grâce à la solidarité entre les habitants. Il y a un quelque chose des premiers chapitres de la genèse dans cette histoire. Un regard et une maturité chez Hushpuppy à faire mettre à genoux des aurochs et même des spectateurs du film.