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A perdre la raison

A perdre la raison

Pays : Film belge, français, luxembourgeois, suisse
Genre : Drame
Durée : 1h54
Date de sortie : 5 septembre 2012
Avec Emilie Dequenne, Niels Arestrup, Tahar Rahim
Réalisé par Joachim Lafosse

Murielle et Mounir s’aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le beau film du réalisateur belge Joachim Lafosse se consacre finalement aux difficultés d’une jeune femme dans le monde actuel, quand se cumulent la charge de quatre enfants, un travail professionnel et une belle-famille encombrante. Muriel et Mounir sont très amoureux, lui est de famille marocaine mais élevé depuis longtemps à Bruxelles par un médecin qui l’a ramené du Maroc et l’a élevé comme son fils. L’histoire est longtemps proche d’un conte de fées, le beau mariage, le voyage de noces, la naissance de trois filles. Puis la charge des enfants, et la présence tutélaire mais étouffante du médecin devenu le Papy va peu à peu détériorer la vie de famille, jusqu’au drame final. On pense à la volonté possessive de certaines mères (et parfois comme ici de certains pères) : « Après tout ce que j’ai fait pour toi ! ». Peut-être l’histoire est–elle parfois trop appuyée : elle en devient très émouvante, mais moins convaincante. Emilie Dequesne est excellente dans le rôle de la jeune femme, Niels Arelstrup correct sans plus, Tahar Rahim, devenu célèbre avec « Un Prophète », est toujours beau garçon, mais il n’est pas entré dans le rôle.


Dès les premières minutes, le réalisateur nous met face au drame de la mort. Mais l’on ne comprend ni de qui il s’agit, ni comment il est advenu. Il faudra donc patienter deux longues heures avant de reconstituer le déroulement de cette tragédie.
Apparemment tout va bien dans une famille peu conventionnelle, certes, mais où l’amour et les attentions sont déclinées à l’envi. Une caméra énergique, jamais nonchalante, filme un couple aimant gâté par le protecteur belge du jeune homme, marocain. Mais la lourdeur s’empare des échanges entre les protagonistes, et fait basculer petit à petit, tous ces bonheurs apparents dans l’angoisse. La vie, la vie et encore la vie : des enfants, des parents qui, plombés par les différences de cultures, partagent une maison, se meuvent dans des décors irréprochables très bien éclairés, sous le regard pesant du parrain de tous, inquiétant Niels Arestrup.
La qualité de la mise en scène ferait presque oublier le propos du film, issu d’un fait divers inexpliqué, mais pas inexplicable. Et l’efficacité du réalisateur tient en haleine le spectateur qui se demande toujours ce qui va arriver et quand ? Réponse : le pire. Car la musique ponctue régulièrement les paliers de l’abîme dans lequel sombre cette mère de famille, et l’on sent bien que l’issue ne pourra être que fatale.

Père Jacques le Fur