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THIS MUST BE THE PLACE

This Must be the Place

Pays : Film français, italien, irlandais
Genre : Drame, Romance
Durée : 1h58
Date de sortie : prochainement
Avec Sean Penn, Frances McDormand, Eve Hewson
Réalisé par Paolo SORRENTINO

Cheyenne est une ancienne star du rock. A 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il décide de poursuivre, à travers l’Amérique, la vengeance qui hantait son père.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Tout d’abord, signalons l’extraordinaire performance de Sean Penn, en rocker déchu, qui traîne un look de drag queen. Cela rend un peu difficile l’attention au récit, mais peu à peu nous découvrons que cet homme, qui s’exprime de plus très difficilement (mais ne parle pas pour ne rien dire) porte en lui un poids très lourd. Il s’agit de son père ancien déporté d’Auschwitz,celui-ci a été humilié par un nazi. Cheyenne le recherche, avec l’aide d’un Klarsfeld. Commence un road movie, procédé évidemment très couru au cinéma- et peu à peu le film révèle sa densité. La mise en scène est très soignée, irradiée des musiques de David Byrne et d’Arvo Part. L’homme déprimé, au bord du désespoir, mais aimé de sa femme, qui pourrait suciter les quolibets des personnes rencontrées, gagne en dignité et en humanité. Oui, il doit bien y "avoir une place" pour se réconcilier avec son passé.
Avec ce nouveau long-métrage, Sorrentino affirme un grand talent.


Sean Penn alias Cheyenne, alias Robert Smith du groupe « The Cure », alias le fils déchu à la recherche du père prodigue… nous entraîne bien loin en apparence et tout près en réalité, puisqu’un parcours initiatique –en tant que tel- ne propose qu’un retour à soi-même.
Pas tout à fait, nonobstant, puisqu’en s’appropriant la quête de son père il nous permet d’entrer, avec beaucoup de dérision et de nonchalance, dans l’univers des juifs à la recherche des nazis ayant humilié –au minimum- l’un des leurs. Encore une collusion, la seconde donc, avec notre quotidien dont la presse à sensation nous abreuve (cf lars von trier après dsk, sans lettres majuscules évidemment) !
Le rouge à lèvres, les noirs cheveux hirsutes et son parcours de rocker ne suffisent pas à camoufler -ce qui est pourtant un art conjugué à son paroxysme chez les « gothique »- la blessure intime de ce héros malgré lui. D’ailleurs il ne touche plus une guitare depuis très longtemps. De dépression nerveuse en fuite physique, il peut enfin s’approprier l’identité que son père décédé vient de lui léguer. Mais pas seulement puisque ce dernier lui fournit les clés de sa vengeance ultime. Et il s’y emploiera tout au long d’un « road movie » bien rodé, à travers les USA et l’Amérique du Sud.
Il vous suffira de savoir que cela finit bien, sinon ce long métrage eut été tout à fait désespérant eu égard à la charge symbolique qu’il revêt.