Primary Menu

RESTLESS

Restless

Pays : Film américain
Genre : Drame
Durée : 1h31
Date de sortie : prochainement
Avec Mia Wasikowska , Henry Hopper, Schuyler Fisk
Réalisé par Gus VAN SANT

Le parcours initiatique de deux adolescents fascinés par la mort...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont la mort devant eux. Ou derrière. Lui, c’est Enoch. Il sort d’un terrible accident qui, dit-il, l’a fait passer pendant trois minutes de l’autre côté de la frontière de la vie. Il est habité par l’obsession morbide d’assister aux obsèques d’inconnus, et son meilleur ami est le fantôme d’un kamikaze japonais. Elle, c’est Annabel. Elle est condamnée par la science. Elle a une tumeur au cerveau et les médecins lui donnent trois mois de vie. A l’inverse d’Enoch, si celui-ci est hanté par la mort, elle a les deux pieds dans la vie. On le voit, lui comme elle sont pris entre les tenailles de la camarde et c’est dans l’ombre de la faucheuse que leur rencontre, leur amour, vont se dérouler.
L’amour, la jeunesse, la mort. Voilà un bouquet dont les trois fleurs ont garni bien des vases. Ce bouquet, vieux comme l’humanité, Gus Van Sant en renouvelle complètement la composition, choisissant de ne jamais le rendre avec les couleurs sombres du tragique, mais de le peindre avec les couleurs claires et inattendues de l’humour, de l’imaginaire et du jeu. Avec une habileté de funambule, il avance sur le fil de la légèreté et du décalage sans jamais commettre de faux pas. Le résultat en est cet admirable film qui nous remplit de joie tout en étant totalement bouleversant. La raison vient sans doute de ce que cette œuvre sur la perte est avant tout un magnifique hymne à la vie dont la singulière conclusion fait penser à la phrase de Marguerite Yourcenar : "Il faut, non pas pleurer parce que cela n’est plus, mais sourire parce que cela a été".


Deux personnages en étroite relation avec la mort - lui pour avoir perdu ses parents et avoir même, pense-t-il, brièvement succombé ; elle, atteinte d’un cancer en phase terminale, pour y être promise dans un avenir proche - voilà qui rappelle évidemment le trio d’Au-delà (Clint Eastwood). Et l’on retrouve aussi la quasi-impossibilité pour ’les autres’, même aimants, d’entretenir une relation signifiante avec ceux pour qui la mort est une compagne obligée.
Après avoir mis en place tous les ingrédients d’un mélo tire-larmes, avec la jeunesse et l’amour sans futur de ses héros, Gus Van Sant s’en tient à bonne distance grâce à l’attitude des deux adolescents, qui affrontent la camarde par la dérision et la forfanterie, ne laissant que peu de brèches dans cette armure. Le personnage d’Hiroshi, fantôme d’un kamikaze et compagnon de jeux de Enoch, est une distrayante invention. Mais refus du pathos et souci de l’esthétique produisent un résultat ambivalent : on ne peut qu’admirer l’art avec lequel sont filmés les jeunes gens ; mais l’affirmation du goût de vivre jusqu’au bout semble bien aisément satisfaite, Annabel conservant toute sa fraîcheur et ses capacités, et le manque d’émotion suscitée par ce film lui donne un caractère finalement théorique et peu convaincant.