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MARTHA MARCY MAY MARLENE

Martha Marcy May Marlène

Pays : Film américain
Genre : Drame
Durée : 1h41
Date de sortie : prochainement
Avec Hugh Dancy, Elizabeth Olsen, Sarah Paulson
Réalisé par Sean DURKIN

Une fille paranoïaque et hantée par d’horribles souvenirs tente de se reconstruire auprès de sa famille après avoir fui une secte.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Comment reprendre pied après avoir fui un groupe sectaire ? La jeune Martha, réfugiée chez sa sœur à qui elle n’avait pas donné signe de vie depuis deux ans, ne peut se résoudre à lui avouer ce qui s’est passé. Elle est hantée par ses souvenirs, au fil desquels est décrit le processus d’incorporation au groupe par perte progressive des repères moraux et de la volonté propre, jusqu’à l’établissement d’une emprise habilement mêlée de douceur ambivalente et de violence. Sa crainte d’être poursuivie par les membres de la secte lui ôte toute réelle possibilité de se reconstruire ni même de rétablir une communication véritable avec ceux qui tentent de l’aider. Le film met en évidence le contraste entre la chaleur enveloppante du groupe, le confort affectif qu’il représente (le leader a accueilli Martha en lui déclarant : "plus personne ne t’abandonnera désormais") opposé aux difficultés relationnelles que l’on peut éprouver ou même à l’isolement que l’on peut rechercher dans sa propre famille. Ce contraste, accru par le savoir-faire du gourou et la maladresse affectueuse de la sœur, est accentué par le choix des décors : une ferme où l’on s’entasse sans aucune intimité, une belle maison trop grande et trop propre. On peut reprocher au récit une certaine pesanteur, l’alternance trop systématique entre flash back et moments présents, et sa fin elliptique. Ce serait oublier combien ces situations sont inextricables pour ceux qui en sont les victimes.


Une jeune femme quitte une ferme isolée, court à travers bois, arrive à la ville, téléphone à sa sœur aînée qu’elle n’a pas revue depuis deux ans. Elle avait choisi de rejoindre un groupe où elle avait cru trouver la fraternité et l’esprit de famille qui lui manquaient jusqu’alors. Elle est maintenant bien accueillie par sa sœur et son beau-frère, dans leur belle maison au bord d’un lac. Mais les souvenirs de son passé la hantent, elle a peur d’être poursuivie ; ce qu’elle a vécu là-bas est si horrible qu’elle n’arrive pas à s’en libérer : l’apparence première avait été si attirante -de beaux garçons, des chants à la guitare, une communauté de jeunes. Mais en réalité, qu’a-t-elle vécu, quels traits caractéristiques pour ce groupe sectaire ? Viols systématiques par le gourou, perversion mentale allant jusqu’à affirmer "la mort, c’est le pur amour", violence, participation forcée à des hold-up et des agressions, dépersonnalisation comportant changement de nom (d’où ce titre avec quatre prénoms). Les traumatismes qu’elle a vécus sont si forts qu’elle ne peut même en parler, qu’elle rend la vie impossible à sa sœur et son beau-frère. Le film veut mettre en garde avec force contre ces groupuscules attirants pour des jeunes filles désemparées, sans soutien affectif. Les procédés d’aller et retour entre le présent dans sa famille et les souvenirs du passé ne sont pas toujours convaincants, la passion de l’auteur pour dénoncer cette situation l’emporte parfois sur la maîtrise du récit, mais son œuvre reste très forte.