Primary Menu

LES NEIGES DU KILIMANDJARO

Les neiges du Kilimandjaro

Pays : Film français
Genre : Drame, Romance
Durée : 1h30
Date de sortie : prochainement
Avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin
Réalisé par Robert GUÉDIGUIAN

Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s’aiment depuis trente ans… Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent… Ils ont des amis très proches… Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques… Leurs consciences sont aussi transparentes que leurs regards. Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera d’autant plus violent lorsqu’ils apprennent que cette brutale agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel plaisir ! Générationnel, peut-être ? Un bon vieux Guédiguian de l’Estaque, avec conflit social, syndicat d’ouvriers portuaires, sardines grillées au soleil, des acteurs familiers, et des tonnes de bons sentiments, tout cela à l’ombre du poême Les pauvres gens de Victor Hugo ! Amour, solidarité, pardon, ces chers vieux mots sont exhumés du triste désert de money-money que l’on nous dit incontournable... Un sujet proche du Fils des Dardenne, mais qui prend moins la tête. Le public rit quand il faut rire, soupire quand il faut soupirer - s’indigne quand il faut s’indigner : et cela, Guédiguian sait faire, à bon escient : merci, Robert !


Robert Guédiguian renoue avec la veine de sa première période, la vie des petites gens du quartier de l’Estaque, à Marseille, avec ses mêmes acteurs favoris, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, rendus célèbres par « Marius et Jeannette », auxquels s’adjoint cette fois Maryline Canto. Et ce retour est réussi : vingt ans après, on retrouve les mêmes qualités de cœur, le même univers de vie familiale et d’amitiés durables, portés par des acteurs toujours excellents et bien dirigés. Le monde en même temps a changé : les licenciements, le chômage, la distance entre les générations, le risque des cambriolages, sont bien plus présents. Il serait facile de reprocher à Guédiguian de vivre dans la nostalgie du passé, et de prêter à ses personnages, dans la deuxième partie du film, une générosité qui n’est plus de saison. Il faut au contraire le remercier de garder cette véritable attention à des gens modestes, dans leur vie quotidienne, de ne nullement idéaliser le monde actuel : l’affaiblissement des syndicats, l’éclatement des familles, la tendance des jeunes générations à se replier sur elles-mêmes sont fortement soulignés. Mais il sait aussi émouvoir en évoquant l’amour d’un couple lors de la fête de leur trente ans de mariage, et leur vraie ouverture du cœur, d’abord d’Ariane Ascaride, puis, non sans maladresse, de Jean-Pierre Darroussin. Tout ceci sonne juste et se rencontre dans la vie réelle.