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LE HAVRE

Le Havre

Pays : Film finlandais, français
Genre : Drame
Durée : 1h43
Date de sortie : prochainement
Avec André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin
Réalisé par Aki KAURISMÄKI

Marcel Marx, bientôt soixante ans, est cireur de chaussures au Havre. Il vit pauvrement mais dignement avec son épouse, qui lui cache une inquiétante maladie. Sur le port, Marcel rencontre par hasard un enfant, survivant clandestin d’un container arrivé d’Afrique. Une profonde amitié naît entre Marcel, désemparé quand l’état de son épouse s’aggrave, et Idrissa, qui rêve de rejoindre sa mère en Angleterre…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Voici à nouveau un excellent film du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, où l’on retrouve toutes ses qualités habituelles. Mais cette fois il s’est déplacé de la Finlande vers la France, le port du Havre remplace celui d’Helsinki (rappelez-vous "L’homme sans passé", Grand Prix du Jury à Cannes en 2002), c’est l’attention aux clandestins venus d’Afrique et désireux de parvenir en Angleterre qui passe au premier plan. Les qualités de ce film ? L’attention aigüe aux petites gens : un ancien SDF devenu cireur de chaussures (André Wilms, parfait), recueilli par une femme au grand cœur (toujours l’actrice favorite, Kati Outinen), les épiciers du quartier du port, la patronne du bistrot, un boat-people vietnamien égaré au Havre ; une esthétique minimaliste, qui décrit avec légèreté des événements qui deviendraient sans cela dramatiques, dans des dominantes de bleu, avec quelques échappées sur le port ; et puis l’humour toujours présent, manière de résister à la dureté de la vie, de mettre en relief la dignité et le sens de la solidarité que veulent conserver ces personnes au bas de l’échelle sociale. Et la chienne Laika est aussi compagne fidèle. S’y ajoute ici le personnage extraordinaire de commissaire de police joué par Jean-Pierre Darroussin, qui comprend tout mais est si plein d’humanité qu’il s’arrange pour que tout finisse bien. Car il y a aussi des moments très émouvants dans ce film : le concert d’un vieux rocker qui reprend du service quand on a réussi à le réconcilier avec sa Mimi, la guérison merveilleuse de la femme. C’est un conte moderne qui nous est proposé, par un des plus grands cinéastes humanistes d’aujourd’hui.


Kaurismäki quitte sa Finlande natale et vient tourner en France, bénéficiant de capitaux allemands et français. Il prend des acteurs français (dont l’excellent André Wilms, trop rare sur les écrans, et le cher Jean-Pierre Darroussin) mais garde la finlandaise Kati Outinen, l’incontournable héroïne de tous ses films. Le Havre reconstitué, et nous voilà dans la France des années 50, éveillant en nous des souvenirs d’enfance (chez les représentants du baby-boom d’après guerre, bien sûr) mais aussi suscitant les réminiscences d’ images de films de cette époque. Notre cinéaste finlandais réalise un tour de force, celui d’évoquer une France disparue, mais aussi de raconter une histoire qui développe la référence aux valeurs d’ouverture, de compréhension, de solidarité, d’amour...d’une grande actualité. Nombreuses sont les séquences teintées d’humour et de tendresse pour les personnages, qui nous font tant aimer Kaurismäki. La poésie s’exprime et s’impose à nos yeux, rendant intime la proximité des personnages. Il faut un prix à ce film !

Père Jacques le Fur