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L’EXERCICE DE L’ETAT

L'exercice de l'Etat

Pays : Film français
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h55
Date de sortie : prochainement
Avec Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman
Réalisé par Pierre SCHOELLER

Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet.
Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix.
Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile.
Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique…
Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre.
A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ?
Jusqu’où tiendront-ils, dans un État qui dévorent ceux qui le servent ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le pouvoir dont ils disposent, et les droits que s’arrogent nombre d’hommes politiques, fascinent à l’évidence les réalisateurs de cette sélection cannoise ; mais cette fiction, en coproduction avec la télévision belge, dépasse cependant le cadre de l’hexagone. L’intrigue se déroule le plus souvent entre les Ardennes, la cour de l’Elysée et les bureaux ministériels. Le suivi des jours et des nuits d’un ministre d’Etat, faits de volte-face et de compromissions, devient un exercice de « haute voltige » : réunions, annonces, démissions et nominations tissent –en creux- la toile dont est faite notre vie démocratique. Elles donnent le rythme de ce long métrage servi par des acteurs qui n’ont pas cherché à ressembler à… On se laisse donc volontiers entraîner par le portrait de ce ministre et de son chef de cabinet, association qui suppose autant de confiance que de méfiance, d’amitié que d’ intérêt, et génère bien des passions. Dans un pays en souffrance, est-il rappelé, défendre sa place d’élu au sein d’un Etat qui a perdu sa puissance est une gageure. Et la question se pose de la légitimité du pouvoir sans moyens ? Quoi qu’il en soit le trait n’est guère outré, et les « petites gens » y ont une place, la vraie, celle des victimes d’un pouvoir qui sacrifie, non pas à l’intérêt général mais malheureusement bien trop souvent aux intérêts particuliers.


Comme quoi les ministres sont des gens comme des autres. Non inspiré d’une histoire réelle, le film s’attache aux relations d’amitié qui soutiennent l’action individuelle, et celles de concurrence entre visions contraires, jouant sur les alliances et réseaux d’influence pour faire aboutir un projet donné. Le rêve initial, une femme nue entrant dans la gueule d’un crocodile, faisant bander le ministre dans son sommeil, signe la connivence entre sexualité et pouvoir. La séquence vers la fin, accident survenu sur une route non encore ouverte au public, en signale les risques, le caractère finalement meurtrier d’un passe-droit, l’isolement affectif. Olivier Gourmet soulignait lors de la présentation l’importance du cinéma pour exprimer les révoltes devant les injustices du monde contemporain.