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ICHIMEI (HARA-KIRI : DEATH OF A SAMURAI)

Ichimei (Hara-kiri : Death of a Samouraï)

Pays : Film
Genre : Divers
Durée : 2h06
Date de sortie : prochainement
Avec Ebizô Ichikawa, Eita, Koji Yakusho
Réalisé par Takashi MIIKE

Voulant mourir dignement ; un samouraï sans ressources, Hanshiro, demande à commettre un suicide rituel dans la résidence du clan Ii, dont l’intendant est Kageyu, un guerrier forte tête. Essayant de décourager Hanshiro, Kageyu lui conte l’histoire tragique d’un jeune ronin, Motome, venu récemment avec la même requête. Hanshiro est traumatisé par les détails horrifiants du sort qui fut réservé à Motome mais il persévère dans sa décision de mourir dans l’honneur. Au moment de commettre hara-kiri, il présente une ultime requête : il désire être assisté dans son acte par trois lieutenants de Kageyu, qui sont absents tous les trois, par une étrange coïncidence. Méfiant et furieux, Kageyu demande à Hanshiro de s’expliquer.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Magnifique film de genre. Refonte après 50 ans d’une réalisation antérieure, cette nouvelle version utilise la 3D dont l’inutilité est démontrée une fois de plus - mais cela n’a pas trop nui car les lunettes opaques distribuées en salle Lumière (?!) pouvaient heureusement être laissées de côté la plupart du temps. Dans des décors de grande beauté - architecture et sculptures des temple et palais de l’ancien Japon, couleurs merveilleuses des feuillages, douce intimité des intérieurs voilés de rideaux, hiératisme des guerriers en armure - l’histoire se déroule en gigogne, faisant intervenir la misère avilissante au milieu d’un monde de puissants samouraïs et de codes d’honneur. Misère, honneur et tradition se combinent pour produire un harakiri au sabre de bois, difficilement soutenable. D’inattendus renvois au temps présent - licenciements collectifs, chantage au suicide, application inhumaine du règlement pour décourager les écarts - accroissent notre intérêt pour ce film aux nombreux ressorts dramatiques.


Ce film japonais est une histoire de samouraï, (équivalents de nos chevaliers du Moyen Age, régis par le code de l’honneur), qui se déroule de 1610 à 1637, dans un Japon encore médiéval. On pourrait d’abord l’intituler « Les Misérables dans le Japon des Samouraïs ». Après la fin des guerres et la destruction d’un château, un samouraï veuf et père d’une petite fille recueille le fils du chef de village et l’élève comme son fils. Les deux jeunes gens qui s’aiment vont se marier, malgré la différence de caste, mais les malheurs vont s’abattre sur cette famille comme dans le plus larmoyant des mélos : la jeune mère tombe malade, la famille est trop pauvre pour appeler un médecin, le petit enfant est saisi de fièvre et meurt, le jeune père sacrifie sa vie pour essayer de sauver sa famille. L‘autre aspect du film, qui en fournit le début et la fin, pourrait s’intituler « La vengeance d’un samouraï ». Le grand-père, qui a été un vrai samouraï, mais qui est devenu miséreux par l’absence de guerre, va venger son fils adoptif dans un combat digne des grands films de samouraï. Dans ces deux parties, l’auteur fait montre d’un réel talent, il nous tient constamment en haleine et offre de très belles prises de vue. Et il nous livre aussi un message, sans doute plus clair et plus parlant pour des Japonais : une certaine conception de l’honneur au-dessus de tout est dénoncée comme profondément inhumaine. La défense de la dignité des gens pauvres (cf déjà les films des frères Dardenne, d’Aki Kaurismäki et de Robert Guédiguian, qui renvoie explicitement aux « Pauvres gens » de Victor Hugo,) est décidément à l’honneur dans ce Festival 2011.