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HORS SATAN

Hors Satan

Pays : Film français
Genre : Drame Fantastique
Durée : 1h50
Date de sortie : prochainement
Avec David Dewaele, Alexandra Lematre, Aurore Broutin
Réalisé par Bruno DUMONT

Un gars vit retiré dans des dunes du Pas-de-Calais où rôde le démon.
En bord de Manche sur la Côte d’Opale, près d’un hameau, de sa rivière et de son marais, demeure un gars étrange qui vivote, braconne, fait des feux. Proche de la fille d’une ferme qui prend soin de lui et le nourrit, ils passent du temps ensemble dans le grand domaine de dunes et de bois qu’ils traversent de part en part, à se recueillir mystérieusement au bord de ses étangs, tandis qu’à la lutte contre le Malin, le gars chasse le mal du hameau et de ses habitants.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Pas facile, mais vaut la peine d’un effort. Le titre, d’abord : HS, point de salut ? Peut-être... Ou ex-Hors-cisme ? La perplexité est entretenue tout au long de ce beau film, silencieux, immobile, contemplatif - dunes, landes et campagnes du Pas de Calais savamment mises en beauté - d’où surgissent quelques épisodes violents. Le chemineau protégé et protecteur du hameau, ange ou démon gardien et exterminateur, semble bien avoir le baton un peu facile, mais parmi ses miracles brillamment efficaces, faut-il compter la re-naissance baptismale de la randonneuse, qui serait alors diablesse ? Quel péché caché a-t-il déclenché sur la lande les feux de l’enfer, que la foi en la marche sur les eaux éteindra ? Vaut la peine d’un effort, mais sans garantie de succès !


Le monde selon Bruno Dumont est présenté à notre regard attentif, influencé maintenant par cinq précédents films, dont : "L’humanité", "Flandres", "Hadewijch". A une exception près ("Twentynine Palms"), les personnages évoluent dans le paysage âpre et désolé des terres du Nord de la France, avec très peu de concessions esthétiques. Et les personnages sont eux mêmes le produit de cette terre, de ce monde sur-réel, peu communicatifs, peu sociables, d’où émanent un mystère indicible. "Hors Satan" a un lien lointain avec le Pialat, tout droit issu de Bernanos : "Sous le soleil de Satan", même paysage, même lumière, et l’aventure de la rencontre avec le Prince de ce monde...Mais, la démarche est radicalement différente. Il n’y a pas de référence religieuse, surtout pas de doute existentiel. Le "gars" sillonne à pied le pays, il dort au creux d’un vallon, est alimenté par une jeune fille attirée par lui mais qu’il refuse d’embrasser. Il prie face au soleil, pratique deux exorcismes, et une résurrection...Il exerce aussi une sorte de justice expéditive. Le titre du film a aussi son mystère ! Cherche-t-il à bouter Satan du monde ? Vit-il hors de son influence ? on ne Le voit pas, sauf peut être chez les êtres qu’il rencontre : la jeune fille, la randonneuse. Porteur de son mystère, le "gars"reprend la route, tel un personnage de western. La vie est un voyage.