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BONSAÏ (BONSÁI)

Bonsaï

Pays : Film français, portugais, argentin, chilien
Genre : Drame
Durée : 1h42
Date de sortie : prochainement
Avec Diego Noguera, Nathalia Galgan
Réalisé par Cristián JIMÉNEZ

Julio fait des études de littérature à Valdivia et il tombe amoureux d’Emilia. Des années plus tard, il rencontre un écrivain qui cherche quelqu’un pour transcrire un roman. Le travail est attribué à une secrétaire moins chère que lui, mais Julio ne renonce pas et il décide de fabriquer un manuscrit qui paraisse identique à celui qu’il a vu lors de son entretien d’embauche. En l’absence de trame, il fait recours au roman, qui l’avait lié à Emilia lorsqu’il était étudiant.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Pour l’essentiel, une agréable rêverie sur le temps qui s’écoule et qu’il faut rechercher au risque de le perdre ; sur la littérature qui se lit ou se dit, s’écrit ou se cache ; sur l’ombre portée des amours d’antan sur celles d’aujourd’hui ; et qui débouche sur le parallèle, conduit sans trop de lourdeur, entre les soins attentifs que demande l’entretien d’un bonsaï et ceux non moins délicats qu’exige la durée d’une relation amoureuse. La grande fraîcheur des personnages, et le détachement qui les habite sans, pourrait-on croire, les dessécher, donnent son charme à cette historiette jusqu’à ce qu’une amertume tragique en transforme la saveur.


Alternant des bouts de récits de vie d’un jeune écrivain, distants de 8 ans, le réalisateur multiplie les niveaux de lecture, toujours à mi-chemin entre fiction et réalité, tel le texte de Proust qui revient en leitmotiv, extrait de A la recherche du temps perdu, où celui qui rêve se croit éveillé – et vice-versa. Différents niveaux de lecture, différents niveaux d’écritures, se renvoient l’un vers l’autre, dans un jeu de miroir où l’élément réel de l’un peut devenir métaphore de l’autre. Le bonsaï imite la nature, en lui imposant des contraintes qui imitent les contraintes de la nature. Le jeune écrivain imite l’écriture de son modèle, faisant croire qu’il transcrit un manuscrit de ce dernier, genre de plagiat à l’envers, tandis que la vraie vie transcrit dans les faits l’histoire du roman qu’il prétend transcrire. Le bonsaï n’est ce qu’il est que faisant corps avec son contenant, l’écriture n’advient à elle-même que lorsqu’elle donne expression à ce qui la précède, l’identité n’est que celle donnée et reçue par les contraintes intériorisées. Un portrait charmant, pointilliste, de la quête de soi.