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Ave

Ave

Pays : Film français, bulgare
Genre : Drame
Durée : 1h26
Date de sortie : prochainement
Avec Martin Brambach, Anjela Nedyalkova, Ovanes Torosyan
Réalisé par Konstantin Bojanov

Parti de Sofia, Kamen se rend en stop à Ruse. Sur la route, il rencontre Avé, une jeune fugueuse de 17 ans, qui lui impose sa compagnie.
A chaque nouvelle rencontre, Avé leur invente des vies imaginaires et y embarque Kamen contre son gré.
D’abord excédé par Avé et ses mensonges, Kamen se laisse troubler peu à peu...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Un film qui nous arrive de Bulgarie, c’est rare ! et par un réalisateur qui a manifestement du talent. Autant de nombreux cinéastes roumains se sont révélés depuis la chute de Ceausescu, autant le cinéma bulgare est resté discret, raison de plus pour s’y intéresser. Il s’agit ici de deux jeunes, tous deux touchés par un drame Lui, étudiant aux Beaux Arts, part en stop pour l’enterrement en province de son meilleur ami qui s’est suicidé ; il est plutôt renfermé. Elle, 17 ans, frimousse éveillée, s’accroche à lui en racontant des histoires qu’elle invente avec une imagination et une facilité débordantes ; on apprendra plus tard qu’elle recherche son frère qui a sombré dans la drogue. A travers leur périple, dans le contraste de leur tempérament, on découvrira peu à peu quelque chose de la Bulgarie : la vie des familles en province qui n’a guère changé depuis cinquante ans, trois générations sous le même toit, avec références à la foi orthodoxe ; tabac et alcool très présents chez les jeunes, mais aussi la drogue et ses bandes de dealers, ici comme ailleurs ; une petite ouverture sur l’Europe et sur l’Allemagne par le transport routier ; surtout, l’incertitude de ces jeunes face à l’avenir, leur grand rêve de partir vivre ailleurs, en Espagne ou en Amérique. Tout cela est conté avec maîtrise et vivacité, par un cinéaste dont on espère qu’il poursuivra son œuvre.


Ave est le nom de la demoiselle qui va saboter le voyage en stop du pauvre Kamen jusqu’à ce qu’il se laisse prendre à son charme. Lui, garçon simple et droit qui cherche à rejoindre l’enterrement d’un cher copain, a la tête d’un Savonarole du Greco ; elle, menteuse collante et exaspérante, celle d’une madone du Pérugin... On s’irrite à voir le pauvre gars incapable de secouer loin de lui cette enquiquineuse perverse. Puis peu à peu nous apparaît, comme à lui, l’abîme de désarroi dans lequel elle se débat, ce qui ne rend pas moins redoutables les artifices qu’elle échafaude autour d’elle pour fuir l’isolement. L’ensemble donne un road movie intriguant et sensible, joli à voir, peut-être trop écrit pour provoquer une profonde émotion, mais qui évite très proprement les fautes de goût.

Père Jacques le Fur