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Un Homme qui crie

Un homme qui crie (A Screaming Man)

Pays : Film français, belge
Genre : Guerre, Drame
Durée : 1h 40min
Date de sortie : prochainement
Avec Youssouf Djaoro, Diouc Koma, Emile Abossolo M’Bo
Réalisé par Mahamat Saleh Haroun

Le Tchad de nos jours. Adam, la soixantaine, ancien champion de natation est maitre nageur de la piscine d’un hôtel de luxe à N’Djamena. Lors du rachat de l’hôtel par des repreneurs chinois, il doit laisser la place à son fils Abdel. Il vit très mal cette situation qu’il considère comme une déchéance sociale. Le pays est en proie à la guerre civile et les rebelles armés menacent le pouvoir.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

A film that begins in bright sunlight in a fashionable hotel swimming pool in Tchad, a father and son competing in holding their breath underwater. A film that ends in darkness with father and son at a river after experiencing the horror and wounds of civil war.
The central character is Adam, a former central African swimming champion and the first pool supervisor in Tchad. He is a man of bearing and dignity, well respected. However, with the activity of the rebels and cross-border incursions, sackings go on at the hotel and calm life deteriorates as controlling troops take to the streets, curfews are imposed and the local head collects money to help the war effort against the rebels – while many father volunteer their sons for active service.
This all takes its toll on Adam, his wife, his son who worked with him at the pool, and his pregnant girlfriend.
Well-crafted and generally accessible for a wide audience, the film leaves narrative holes for the audience (who may not be quick enough) to fill in and does not build up dramatically to the war tension in the city.
However, it is a moving story of contemporary African troubles – with no solution in sight.


Après le remarquable Daratt (2006), on attendait avec d’autant plus d’impatience le nouveau film du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun que l’Afrique n’est jamais abusivement représentée dans les compétitions cannoises. Tout en reconnaissant les qualités de cet Homme qui crie, il faut bien dire qu’il apporte une certaine déception.
Le film repose sur deux piliers : d’une part les effets de la guerre civile au Tchad qui, en dépit des accords de paix, continue à dévaster le pays et à le saigner à blanc ; d’autre part un conflit œdipien père-fils, le fils prenant au père la place de maître-nageur qui faisait sa fierté, et le père, humilié et poussé à bout, commettant l’erreur irréparable de "vendre" son fils à l’armée, Moloch toujours en quête de nouvelles victimes à dévorer.
Maham-Saleh Haroun s’emmêle un peu les pieds de la caméra entre ses deux fils rouges et, finalement, donne l’impression de n’en suivre vraiment aucun des deux à fond, faisant de son personnage central, Adam, une sorte de dernier des hommes qui ne s’en remet pas d’avoir perdu son statut social de "champion" et s’abîme dans la nostalgie, la rancœur et le remords. Mais, au delà de ce côté un peu "ventre mou", il reste de ce film les images saisissantes d’un petit oasis de paix brutalement submergé par le tsunami de la violence et de la guerre.


L’eau ouvre et clôt de manière bien différente le film de Mahamat-Saleh Haroun. Au début, l’eau de la piscine des blancs, de la modernité, voit l’affrontement ludique du père et du fils s’achevant par le triomphe de ce dernier. A la fin, celle du fleuve, l’eau de toujours, rassemble le père et le fils dans la mort. Entre ces deux eaux, l’histoire d’un père déchu de sa suprématie et perdant son poste de maître-nageur au profit de son propre fils, en même temps que son honneur. Sur fond de guerre entre les rebelles et le pouvoir, on voit grandir sa nostalgie d’"avant" et sa décision de retrouver son poste, quitte pour cela à ne pas s’opposer à la réquisition par l’armée de son fils Abdel. C’est l’arrivée sous son toit de la jeune compagne de celui-ci, enceinte, qui l’amènera à partir, en side-car, à la recherche d’Abdel, blessé, pour tenter de le ramener à la maison. La dernière volonté de ce fils sera de se plonger dans l’eau du fleuve.
L’utilisation que fait le réalisateur du contexte de la guerre civile n’est pas très claire. Si dans "Daratt" on percevait bien l’allégorie politique (cette vengeance réclamée qui s’avérait finalement impossible, invitant les adversaires à cesser de se combattre), ici on est plutôt en présence d’une situation répétitive, sans issue autre que la fuite, adoptée par la population civile, ou la mort. Malgré de belles scènes d’intimité familiale, des clairs obscurs dans la nuit africaine avec tous ses bruits, on reste extérieur à l’ensemble du récit.