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R U There

R U There

Pays : Film néerlandais
Genre : Drame
Durée : 1h 27min
Date de sortie : prochainement
Réalisé par David Verbeek

Jitze, un joueur de jeux vidéo professionnel voyage à travers le monde pour concourir à des tournois de jeux vidéo. Durant une escale à Taipei, il est, contre toute attente, témoin d’un vrai accident qui s’apparente à ceux qu’il vit dans ses jeux vidéo au quotidien. Cet incident le confronte à sa propre mort et son univers est soudainement secoué par la réalité dans sa forme violente.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

On parle de plus en plus dans les media des dangers que représentent les jeux vidéo sur Internet, qui insidieusement plongent les jeunes générations dans un monde virtuel. Perdre contact avec la réalité, voilà la situation où se trouve Jitze, complètement immergé dans un jeu du style "attaque de Bagdad par des soldats américains". Il fait de la compétition en équipe à Taiwan, empire-comme le Japon- du monde informatique et des jeux virtuels. Les images du jeu vidéo transposées au cinéma sont magnifiques ; on y voit encore mieux l’artifice, surtout le côté caricatural des personnages. Jitze marche dans la rue et son visage inexpressif le décrit comme un homme en état d’apesanteur. La musique qui accompagne les images accentue cette impression. Soudain, un accident : un motocycliste vient mourir au pied de Jitze. il voit ses yeux cligner et se figer dans le sang et la mort. Tout semble changer dans sa vie à partir de cette image réelle. la rencontre avec la douce et mystérieuse Min Min va l’emmener dans un autre monde virtuel, de beauté et de douceur. Ce film est attachant dans son approche poétique, il explore de manière originale le monde du rêve et de l’illusion.


Le titre exprime bien l’inquiétude que le film porte à l’écran, celle de notre présence au monde. L’opposition tranchée ente deux univers me semble pourtant moins se situer ici entre virtuel et réel, qu’entre virilité combative et nature accueillante. En effet, les images qui relèvent du réel, par exemple les scènes dans l’aéroport, obéissent à la même esthétique que celles des jeux de combat sur ordinateur, tandis que l’univers féerique de la "Seconde Vie" peut-être rapproché de la nature autour du village natal de l’héroïne. Des couleurs grises, du bleuté au verdâtre, des mouvements rapides et des personnages impassibles caractérisent la "modernité virile", des couleurs pastel, chatoyantes, le calme et le regard expressif même des avatars signalent la nature, féminine, promesse de vie.
Au début, le jeune héros reste interdit devant une fille qui meurt pour de vrai devant ses yeux. Il revient à la vie par la permission accordée de seulement toucher la nuque de celle qu’il désire. Tout en pudeur et en retenue, le film laisse ouverte l’issue - dans un saut impossible au coeur des nuages.