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Biutiful

Biutiful

Pays : Film espagnol, mexicain
Genre : Divers
Durée : 2h 18min
Date de sortie : 25 août 2010
Avec Javier Bardem, Ruben Ochandiano, Blanca Portillo
Réalisé par Alejandro González Inárritu

Au coeur de « Biutiful » il y a Uxbal, un homme solitaire qui jongle entre la difficulté d’un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Cette lente avancée vers la mort se fait dans le désordre contemporain de l’exploitation de l’homme par l’homme, dans laquelle Uxbal est impliqué tout en cherchant à garder un peu d’humanité. Des relations complexes avec son propre passé familial (il n’a jamais connu son père, mort avant sa naissance), avec sa femme atteinte de troubles bi-polaires et dont il est séparé, avec son frère qui a beaucoup moins de scrupules que lui... ne l’aident pas à aborder cette mort inéluctable avec sénénité. Mais Ije, émigrée clandestine, l’aidera à l’affronter, ainsi que Bea, une femme dont on comprend qu’elle possède, comme Uxbal lui-même, des pouvoirs de divination et de communication avec les morts. C’est sans doute sur ce terrain là qu’on a du mal à suivre Inarritu alors que tout le reste de son film est criant de vérité sociale et psychologique, dans un montage beaucoup plus simple que ceux de ses oeuvres précédentes


Le cinéaste mexicain nous invite à une nouvelle plongée dans notre monde actuel. Cette fois, au lieu de nous dépeindre des situations dramatiques dans plusieurs pays différents et fort éloignés, Inarritu place son histoire à Barcelone, où coexistent et se mêlent des populations immigrées : noirs d’Afrique, Chinois et Asiatiques, Sud Américains. Un monde de souffrances et de misère au sein de l’Europe. Uxbal évolue dans l’illégalité et "gagne" sa vie en exploitant des groupes de clandestins, corvéables à merci, très vulnérables. Il n’est pas directement impliqué, car il y a des intermédiaires. Le style de cinéma est à la fois réaliste et lyrique, images prises dans la rue (séquence saisissante de l’attaque de la police contre les dealers), plans de la ville et des rues saccadés puis soudain fixes, musique omniprésente qui donne un contrepoint poétique à la laideur des maisons, des intérieurs. Uxbal est un personnage très complexe (il parle avec les morts, a des visions) qui prend conscience qu’il doit mettre "ses affaires en ordre", comme lui commande une amie animée d’une grande compassion pour lui. Rongé par un cancer, et se sachant condamné, il se met à agir dans le sens du bien : vis-à-vis de ses enfants, de sa femme, des dealers, des immigrés. Ce film atteint la spiritualité, car c’est justement parce que tout va de travers, qu’il faut privilégier les forces de l’esprit et de l’espérance ! Sur les rangs pour une citation au Palmarès !


Alejandro Gonzalez Inarritu has made some arresting and thought-provoking films : Amores Perros, 21 Grams and Babel. This is also arresting, thought-provoking – and very sad.
The setting is Barcelona. Uxbal means well, but is involved in all kinds of shady deals, especially with illegals from Africa and from China. He is divorced from his wife and tries to care for his two children. We follow him around the city as he tries to deal with street selling Africans who are also selling drugs, with a Chinese sweat factory and with his brother’s links with supplying unqualified illegals for the building industry.
But, very early we learn that Uxbal has terminal cancer and the film is about his dealing with this and his trying to get everything in order, especially for his children. Uxbal also has a gift of communing with the dead and relaying messages to the bereaved.
Uxbal is a good man, not without considerable faults, but presented as something of a secular saint (someone reminds him that he is not Mother Teresa), trying to do good and to undo the consequences of what he has done wrong – with the wife of a Senegalese deportee and her baby, with a dormitory of Chinese who are victims of an industrial mistake.
And the title is Biutiful (which Uxbal’s daughter asks him how to spell). Actually, Malcolm Muggeridge’s portrait of Mother Teresa was ‘Something Beautiful for God’. Uxbal, according to his lights is trying to do something beautiful for those he encounters.


Un être humain ! Tout ce film, moins complexe que "Babel", se concentre sur le destin d’un être humain, dans une Barcelone souterraine décrite avec frénésie. Comme toujours chez Inarritu, le film ressemble à un torrent qui veut tout emporter sur son passage : le personnage principal affronte en même temps une grave maladie, diagnostiquée dès le début, la garde de ses deux enfants, les relations orageuses avec son ex-femme plus paumée que lui, et les embrouilles provenant de ses multiples trafics. Cela nous vaut de rejoindre les vendeurs Sénégalais sans papiers sur les Ramblas, les Chinois clandestins dans des ateliers ou sur des chantiers, parqués dans des sous-sols. Le style d’Inarritu n’a pas changé, toujours porté au paroxysme et à l’excès, dans les situations décrites comme dans les bruits, mais avec une force et un talent incontestables. Et cet homme, dont le rôle repose tout entier sur les épaules de Javier Bardem, cette figure de l’ombre, conscient d’être coupable de la mort de 25 personnes par sa négligence, et dont la mort s’approche, reste un être humain qui a un coeur, qui aime ses enfants, qui tire d’affaire une Sénégalaise et son bébé. Complexité de l’être humain, soulignée par ce film, dont on peut ne pas aimer le style et l’esthétique flamboyante, mais qui s’ouvre et se termine sur une note de poésie et de tendresse, oeuvre d’un vrai cinéaste.