Pays : Film français
Genre : Drame
Durée : 2h 35min
Date de sortie : 26 Août 2009
Avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Maeva Blue
Réalisé par Jacques Audiard
Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena, ne sait ni lire, ni écrire. D’emblée, il tombe sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des "missions", il s’endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
16 mai 2009
A mes yeux, le premier film important de cette sélection, et pour une fois sa (trop) grande longueur n’est pas faite de creux. Malgré un déroulement tellement linéaire qu’il n’est guère besoin d’être prophète pour voir venir, les satisfactions sont nombreuses, à commencer par Tahar Rahim, qui fait un travail encore plus convaincant que Nils Arestrup, et ce n’est pas peu.
Dans cette société carcérale, la prison n’est pas perçue comme un accident, mais comme une modalité de l’existence : on est dedans ou dehors, que ce soit à différents moments de sa vie, ou que ce soit l’un ou l’autre de ses proches et relations. Est montré ainsi dans notre société (ce serait trop facile de dire ’en marge’) un monde dont les individus ont la prison dans leur chemin de vie, même s’ils ne sont pas criminels de profession : Malik n’est pas tombé pour quelque crapulerie, mais pour avoir, sans doute, grandi dans la peur et la haine du flic, et toujours un couteau dans la poche. C’est en vrai voyou qu’il retournera dans la cité.
Le film illustre un changement d’époque, le pouvoir passant des truands traditionnels aux ’barbus’. Comprend-on pourquoi tant de religieux parmi eux ? Et que faire du titre ? Certes, on voit bien que Malik (aidé par le fantôme de sa victime) est doté d’un pouvoir de pré-vision qui lui donne un ascendant fort pratique pour son ascension ; mais ne faut-il pas chercher un peu plus loin, tant ce terme de "prophète" est chargé de sens, particulièrement en culture musulmane ?
16 mai 2009
Lorsque Malik entre en prison pour 6 ans, on ne voit en lui qu’hébétude et manque total de perspective. Il va mettre à profit ces 6 années pour devenir autre chose qu’un jeune analphabète sans avenir. D’abord totalement isolé, sans recours à l’extérieur, il va apprendre la dure loi des clans. Son premier contrat, il l’accomplit sous la contrainte : le parrain corse Luciani (extraordinaiere Niels Arestrup) ne lui laisse guère le choix et les tentatives de Malik pour y échapper échouent. On le voit alors découvrir peu à peu tout le parti qu’il peut tirer de cette situation d’"arabe", larbin du clan corse menacé dans sa suprématie par le clan des "barbus". En tant que "film de genre", "Un prophète" est une belle réussite. Mais il contient plus. On y voit une description de l’univers carcéral (malgré quelques invraisemblances) et de ce à quoi il peut conduire un jeune à la dérive. Et ce ne sont pas les dérisoires moyens proposés par l’administration pénitentiaire (travail en atelier, alphabétisation...) qui pourront faire croire à la mission de réinsertion qu’elle prétend avoir. Mais toute l’ambiguïté vient de ce qu’on peut lire ce film comme une très efficace leçon de ce qu’il convient de faire pour s’en sortir.... On est très loin du film roumain de "un certain regard", Politist, adjectiv s’interrogeant sur le sens du mot "conscience".
16 mai 2009
He’s not that kind of prophet. Some Marseilles criminals declare him a prophet when he calls out that there are animals on the highway before their car strikes a deer. But, a prophet as proclaiming God’s message, no way. Rather, he is a thorough example of an Italian Renaissance prince as described by Macchiavelli.
For Malik el Djebena it was not always thus !
In Jacques Audiard’s bold, graphic and intriguing film, Malik is 19, an orphan who has grown up in juvenile centres and has been arrested for attacking police.
We enter, as an audience does in the tradition of prison films, with Malik, the examination and search, the prison garb, the cell... Once he has been supervised, he is settled into his own cell. We sea meals, showers, the yard and an immediate attack on Malik for his sneakers and to show him who is boss.
What follows is the saga of Malik’s life and growth in prison – and the film runs for two and a half hours – and he takes the first of different and unforeseen turns.
This is the tale of an illiterate youth who uses his wits to learn at prison classes, including economics, who serves the Corsicans but is always listening, finds himself trusted by Cesar to do jobs for him on his day releases but who uses the opportunity to set up his own hash smuggling enterprise, does deals with various rival gangs and finally manipulates crises (and a massacre) that leaves him on top of the world. Can it last ? (In fact, a sequel would be interesting.)
Audiard has made some striking and stylish dramas (Sur Mes Levres, The Beat My Heart Skipped). Tahar Rahim as Malik, from young to confident adult, changes physically and psychologically (and immorally) before our eyes. Niels Arestrup as Cesar is a powerful foil to Rahim.
A brutal but effective depiction of the world of crime.
16 mai 2009
Ce très long film de Jacques Audiard décrit d’abord longuement la vie d’un jeune en prison, les luttes de clans dans lesquelles il se trouve pris, l’obligation d’entrer dans le jeu de la violence et des trafics. D’un côté, il est presque un prisonnier modèle, il apprend à travailler, à lire et à écrire, il suit même des cours d’économie. Mais derrière cette façade se joue la vie souterraine de la prison, les réseaux mafieux ou les groupes religieux qui y font la loi, leurs ramifications parmi le personnel ou à l’extérieur. Nils Arestrup y tient le rôle d’un caïd corse, qui dirige tout de la prison. Tout cela est assez fort, et mené sans un temps mort. La deuxième partie du film, où Malik se prend au jeu et mène ses propres entreprises, nous fait basculer dans un film policier assez classique, avec une happy end plutôt artificielle. C’est nettement moins convaincant.