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Tzar

Un Certain Regard
Tzar

Film : Russie
Genre : Drame
Durée : 1h56min
Date de sortie : Prochainement
Avec : Piotr Mamonov, Oleg Iankovski
Réalisation : Pavel Lounguine

1565. Ivan le Terrible, tsar de Russie, subit une défaite dans la longue guerre qui l’oppose à la Pologne. Il ne voit autour de lui que trahison. Pour lutter contre les traîtres, il crée une garde personnelle, "les Chiens du tsar", dont le signe de reconnaissance est une tête de chien accrochée à leur selle. "Les Chiens du tsar" plongent la Russie dans un bain de sang. Effaré, le métropolite - le chef de l’Eglise russe - se réfugie dans un monastère. Ivan le Terrible croyant comprendre et interpréter les signes, voit le Jugement dernier approcher.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La beauté du film n’a d’égal que la cruauté du personnage. Combien de fois dans l’histoire les peuples sont-ils gouvernés par des psychopathes ?
Le jeu des acteurs, la caméra, tout est parfait pour traduire cette folie où coïncident une soif de pouvoir absolu et une dévotion perverse. Le tsar apparaît comme un personnage qui inspire un dégoût qui a quelque chose d’envoutant. Son sbire lui organise des « distractions » avec des « tortures magnifiques », imaginées selon les dernières technologies de l’époque…
Le metteur en scène prend soin de rendre perceptible aussi la solitude du tyran, solitude dans laquelle il s’est enfermé par élimination de tout son entourage. Et il montre la fascination qu’il exerce sur tous ceux qui l’approchent ; sauf l’homme de Dieu, métropolite contre son gré, et qui lui fait face. C’est peut-être cela le véritable miracle, plus que la guérison qu’il opère sur un jeune moine. Car il faut sans doute une force surhumaine pour résister à l’attrait du pouvoir et se tenir debout.
La dernière image est terrible : Ivan seul attend les badauds pour assister au spectacle de mise à mort, et se demande « où est mon peuple ? »


Pourquoi Pavel Lounguine a-t-il réalisé ce film consacré à nouveau, après Eisenstein, au Tsar Ivan le Terrible ? C’est toujours l’état actuel de son pays qui l’intéresse, vu cette fois à travers le prisme de l’histoire. Il nous livre ici un film d’une grande puissance, mais difficile, dur à supporter. Je retiens spécialement de ce film trois aspects : 1) C’est une dénonciation très violente du pouvoir absolu, quels que soient les fondements qu’il se donne. Ici, le Tsar Ivan est un mystique exalté, nourri des textes de l’Apocalypse, déchiré de tourments intérieurs, effrayé par la proximité du Jugement Dernier. Ce dangereux illuminé est interprété par l’acteur qui jouait le moine dans "L’Ile", le film précédent de l’auteur. Le pouvoir absolu conduit à une solitude absolue, comme Hitler et Lénine dans les films d’Alexandre Sokhourov, et sans doute d’autres après eux ! La dernière image du film montre le Tsar, seul, sur son trône, s’écriant : "Où est mon peuple ?" Où est aujourd’hui le peuple russe ? 2) En contraste avec le Tsar, la grande figure du métropolite Filipp représente la résistance morale et spirituelle aux excès du pouvoir. Il tente sans y parvenir d’influencer le Tsar, et le film souligne la difficulté d’être ainsi en résistance spirituelle . C’est pourtant sans doute cette voix que Lounguine invite à écouter comme espoir pour son pays. 3) Puis il y a la petite fille innocente qui revient sans cesse, symbole qui joue le même rôle qu’Aliocha ou le Prince Muichkine chez Dostoïevski. Elle est un des visages du peuple russe, opprimé, malmené, mais qui garde malgré tout sa foi et son innocence.


In the middle of this film, some of the Tsar’s soldiers are put in an arena to fight an enormous bear. The bear is filmed towering above the men (and the audience), a spectacular, vast, powerhouse of energy with the potential to overwhelm all who stand in its way (and it does). It is an apt metaphor for this huge Russian powerhouse of a film, one that overwhelms its audience.
The Tsar in question is Ivan the Terrible (already the subject of Eisenstein’s classics). Ivan has been dominating Russia and fighting the Poles with the help of his ruthless special army. The Metropolitan Bishop flees for his life. Ivan appoints Felipp, a monk who was a childhood friend, as his successor and expected puppet cleric.
The film is divided into chapters, opening with the Tsar’s prayer, an apocalyptic reading of the Book of Revelation and the last times. It continues into the Tsar’s sacrifice and an alarming section where the Tsar inspects a fairground of inventions of torture. Felipp is welcomed as Metropolitan but has to stand by and witness Ivan’s atrocities and blood lust (with more than a mad glint in the Tsar’s eye), including the arena and the murderous bear. Felipp has to take a stand and he will be persecuted and killed.
The film, widescreen, is huge, colourful, spectacular, full of religious imagery, sequences which are iconic, drawing on the art traditions of Orthodoxy and the Russian masters. The score is forceful-orchestral. These are horrible, legendary times and this is communicated over almost two hours.
In that sense, the film is not for the fainthearted – and yet, it communicates this phase of history, the violent use of power and the challenge of religion better than any history lecture.