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Sirta La Gal Ba (Le murmure du vent)

Sirta la gal ba (Le murmure du vent)

Film Irakien
Genre : Drame
Durée : 1h 17
Avec Omar Chawshin, Maryam Boubani, Fakher Mohammad Barzani
Réalisé par Shahram Alidi

Mam Baldar, l’oncle aux ailes, exerce depuis bien longtemps le métier de postier dans différents villages de montagne au Kurdistan Irakien. Mais il n’est pas un postier comme les autres puisqu’il transmet des sons et des paroles enregistrés sur des cassettes. Un jour, un commandant des partisans, loin de chez lui, demande d’enregistrer les premiers pleurs de son enfant qui va naître prochainement.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Beau, beau, beau, et dur, dur : le martyre du peuple kurde sous Saddam Hussein, raconté à travers le personnage poétique d’un vieux messager qui promène sa poussive camionnette de montagnes en vallées, transmettant des cassettes enregistrées par et pour des gens qui ne savent ni lire ni écrire. Appréciable retenue qui contraste avec bien d’autres films, l’infâme cruauté du régime envers les Kurdes est montrée efficacement sans recours à des images sanglantes : les bancs renversés d’une fête de mariage, quelques châles trainant au sol, quelques planches fumantes - et plus personne - en disent bien assez sur la brutalité d’un massacre.
Mais autant on apprécie vivement d’abord les images admirables qui nous sont mises sous les yeux, autant peu à peu s’insinue la gêne de réaliser que pas une n’est ’naturelle’. Combien de jours de repérage a-t-il fallu pour identifier ce semis de rochers pâles sortant de l’herbe, en premier plan d’une magnifique falaise ? Et combien d’essais avant de choisir la délicate couleur de cette couverture rouge posée à côté d’eux ? Lorsque des questions de ce genre se mettent à vous chatouiller au cours de la projection, c’est que la frontière entre l’art et l’esthétisme a été franchie, sans bénéfice pour le fond du sujet.


Le grand mérite de la sélection de la Semaine de la Critique, c’est de nous proposer souvent des films forts, engagés et informatifs sur des situations politiques et sociales, qui nous permettent d’ouvrir les yeux sur les problèmes de notre monde. Le premier long métrage de Shahram Alidi entre exactement dans ce cadre. Avec une idée-force extraordinaire : transmettre des paroles, des musiques ou des sons sur des cassettes. Ces enregistrements passent sur la radio, sur des fréquences "libres", et sont diffusés par l’ancien postier Mam Baldar grâce à son petit appareil de radio-cassettes. Cela nous vaut de magnifiques et émouvantes traversées dans une région sauvage et aride à la recherche des populations villageoises, qui se déplacent pour fuir l’armée irakienne. Tragédies multiples, mais le cri d’un efant qui vient de naître (et que Balbar a pu enregistrer pour le père, un chef combattant) semble ouvrir l’espace devant nous, et nous fait espérer, encore espérer...