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Kynodontas (Dogtooth)

Un Certain Regard
Kynodontas (Canine)

Film :
Genre : Drame
Durée : 1h 34min
Date de sortie : Prochainement
Avec : Christos Stergioglou, Michelle Valley, Aggeliki Papoulia
Réalisation : Yorgos Lanthimos

Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d’une ville. Leur maison est bordée d’une haute clôture. Les enfants n’ont jamais franchi la clôture. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l’absence de toute empreinte du monde extérieur. Une seule personne a le droit de s’introduire chez eux : Christina, qui travaille comme agent de sécurité dans l’usine du père.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le film s’ouvre sur un magnétophone qui dicte des définitions farfelues : "Une autoroute est un vent violent... une excursion est un matériau résistant...". En face, trois jeunes gens écoutent et apprennent. Féroce diatribe sur le bourrage de crâne et le formattage éducatif, Canine est un apologue surréaliste (les jeunes gens, à quatre pattes sur le seuil de la propriété familiale dont ils ne sont jamais sortis de leur vie, aboient furieusement, comme leur ont appris à le faire leurs parents, pour tenir au loin les dangereux chats qui pourraient déchiqueter leur père sorti de la maison... ainsi croient-ils), fable qui raconte comment ces enfants ont été tenus isolés du monde et la société extérieure interdite de séjour, comment les parents ont géré leur éducation et leur croissance (notamment, la recherche d’une réponse à la sexualité du fils - et quid des filles ?), par quelles sornettes ils ont été maintenus en tutelle et convaincus de la normalité de cet état de choses, et quelles conséquences dramatiques en résultent... On ne saura pas, et peu importe, quel motif a poussé les parents à cette aberration, sauf l’imbécile conviction d’avoir raison.
La conclusion est sévère : en y mettant les moyens, on peut faire avaler n’importe quoi aux gens, et les détruire. Même si Lanthimos manie la hache plutôt que le scalpel, sa chirurgie n’est pas qu’esthétique, et a de quoi faire réfléchir, tant la transmission aux enfants est au coeur de notre vie.


Une sorte de Family Life grec. Nous plongeons dans une névrose familiale tellement poussée à l’extrême que le malaise s’installe en nous, peu à peu. Film étrange sur une famille aux règles étranges : les trois enfants, et la mère, ne sont pas autorisés à sortir de la villa ; le père embauche une femme (agent de sécurité !) à vendre ses charmes au jeune fils ; la fille aînée a une relation incestueuse avec le père...Celui-ci est tout puissant (normal ?), dirige tout, administre des coups violents dès qu’une règle n’est pas respectée. Soudain la mère annonce qu’elle va accoucher de deux jumeaux et...d’un chien ! Et puis, il y cette histoire curieuse de dents (affaire de famille depuis la grand-mère), qui fait partie du titre du film, et qui se manifeste dans une explosion de sang, quand une des filles s’explose la mâchoire...celle ci va d’ailleurs trouver le moyen de sortir de la villa carcérale, en se glissant après sa mutilation, dans le coffre de la voiture du père ! Surréaliste serait peut être le mot permettant de "resituer"les séquences saugrenues où règne le plus parfait sérieux. C’est pas convaincant ? attendons le prochain film de ce jeune réalisateur.