Primary Menu

J’ai tué ma mère

J'ai tué ma mère

Film : Québecquois
Genre : Drame
Durée : 1h40min
Avec : Anne Dorval, Xavier Dolan, François Arnaud, Suzanne Clément
Réalisation : Xavier Dolan

Hubert Minel n’aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitch et les miettes de pain qui se logent à la commissure d ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au terme d’épreuves décisives et d’épisodes tragiques, Hubert retrouvera sa mère sur la berge écumeuse du Fleuve Saint-Laurent, là où il a grandi.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Une mère, un fils et leur difficulté universelle à communiquer : ce thème récurrent est magistralement décliné par le réalisateur, qui plus est acteur et scénariste. A vingt ans la maturité, la lucidité et le sens de la dérision de Xavier Dolan éblouit.
Subjugués par les dialogues précis, intelligents, de personnages auxquels tous peuvent s’identifier, le spectateur rit, jusqu’aux larmes au moins une fois, s’émeut, s’interroge. Car de la douleur de vivre son homosexualité, de cohabiter avec un parent qui fait ce qu’il peut avec sa propre histoire, certains fondent un simple exercice cathartique. Au-delà, Xavier Dolan offre une multitude de symboles, des références littéraires, le tout avec une légèreté que le malaise sous-jacent engendré par la haine ne dément pas. L’écriture cinématographique repose sur des plans décadrés qui accentuent la solitude des protagonistes. De surcroît ils ne sont jamais filmés face à face mais à côté l’un de l’autre. Proches sans l’être. Tout comme la haine et l’amour. Tout comme la réconciliation finale n’est pas loin de leurs heurts répétés. Le propos psychanalytique transpire la névrose. Est inéluctable le destin d’être fils : celui-ci s’y résignera. Auparavant, tous deux exaspérés, manipulateurs, auront hurlé leur souffrance dans quelques délires verbaux drôlissimes avant de faire l’apprentissage de l’affranchissement mutuel.
Ils se retrouvent enfin. Leurs mains se frôlent, se détachent, la caméra caresse un vol d’oiseaux dans le ciel : nous y sommes, c’est la fin, pour nous, mais par pour eux. Interrogé, le jeune metteur en scène avouera que sa maman n’a pas encore vu le film mais qu’elle l’aimera : il la connaît bien.