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Irene

Un Certain Regard
Irène

Film : Français
Genre : Drame
Durée : 1H23 mn
Date de sortie : Prochainement
Réalisation : Alain Cavalier

Entre 1970 et 1972, Alain Cavalier tient un journal intime. En 1972, sa seconde femme Irène meurt dans un accident de voiture. Il revient, par le biais d’une comédienne qui incarne son épouse, sur les 880 jours décrits dans ces carnets. "C’est l’histoire d’un cinéaste qui cherche à faire revivre un passé de joies, de désordres et d’excès afin d’en découvrir le fil rouge".


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le réalisateur est connu pour sa recherche d’un cinéma radicalement nouveau, évidé de toute action dramatique. Fidèle à cette démarche, il porte ici à l’écran le deuil de sa femme Irène. A la manière du nouveau roman, il filme une multitude de lieux et d’objets qui ont marqué leur vie commune, en choisissant souvent un cadrage décalé. Sa propre image se reflète à l’occasion dans un miroir, parfois en très gros plan, souvent volontairement hideux. Sa voix off raconte tout au long du film ses menus souvenirs, de manière méditative, en partie à l’aide de carnets remplis au jour le jour pendant trois ans, retraçant un parcours intérieur. La mélancolie semble incrustée dans les plans d’une fenêtre qui grince, une lampe qui éclaira autrefois son écriture, le canapé où il était assis quand il attendait en vain le retour de son épouse, le jour de son accident.
Il y a sûrement des gens qui apprécient ce genre de cinéma très intellectuel. Pourtant, l’image eucharistique de son introspection me semble démesurée.


Alain Cavalier a choisi, depuis déjà plusieurs films ("Vies", "Le filmeur") de se promener constamment avec une caméra légère, et de composer des films à partir de cette vie quotidienne saisie dans ce qu’elle a de plus élémentaire, de plus sobre, mais en cherchant sans cesse à l’illustrer par des images révélant la beauté et le mystère du monde. Il reprend ici son journal quotidien des années 70-71, en le centrant autour de la figure d’Irène, la femme avec laquelle vivait le cinéaste durant ces années. On ne voit jamais Irène, disparue lors d’un accident début 1972, mais on la suit tout au long de l’oeuvre par des extraits de l’agenda de ces années. Et ce texte est accompagné par des images magnifiques, prises à l’environnement de la vie actuelle du cinéaste. Cela est sans doute plus proche d’un ensemble de peintures, souvent très belles, très composées, que d’un film, car il n’ y a aucun enchaînement entre elles, sinon par le texte prononcé par la voix off. Cela donne une oeuvre d’une grande tenue, très élégante, très poétique. L’attachement amoureux entre les deux personnages rappelle parfois des textes proches du "Cantique des Cantiques", puis le drame de l’accident et de la séparation est évoqué avec intensité et pudeur. C’est très beau, mais très loin du cinéma dont nous sommes familiers.


Alain Cavalier has made films like Therese and Libera Me which are artificially staged, word-driven, usually poetic and symbolic and have a determined preference for contemplation over action.
Recently, as he has moved into his mid-70s and beyond, he has filmed himself as film-maker (the title of his 2005 film).
This time he peruses and reads from diaries of 1970-1972 and his love for and obsession with actress, Irene, who is terminally ill. This provides memories, nostalgia, much rumination about his feelings, his film-making processes in the past (with a clip from La Chamade with Catherine Deneuve embodying Irene) as well as contemporary films, his ageing, a severe fall on an escalator and, again, modern film-making.
Cavalier appears on screen several times but it is commentary and edited images that may be too specialised even for a French audiences and maybe too Gallic in tone, references and rhetorical style for world audiences, apart from cineastes. His low-key and mellow-aged voiceover runs the danger for the drowsy of being ultimately soporific.