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Antichrist

Antichrist

Pays : Film allemand, français, danois
Genre : Thriller, Epouvante-horreur
Durée : 1h 44min
Date de sortie : 03 Juin 2009
Avec Willem Dafoe, Charlotte Gainsbourg
Réalisé par Lars Von Trier

Un couple en deuil se retire à "Eden", un chalet isolé dans la forêt, où ils espèrent guérir leurs coeurs et sauver leur mariage. Mais la nature reprend ses droits et les choses vont de mal en pis...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Cinq parties : Prologue ; Deuil, Douleur, Désespoir (les Trois Mendiants) ; Epilogue...voici la structure de ce dernier opus de Lars von Trier. Les images sont belles à défaillir, l’atmosphère baigne dans une lumière surnaturelle, la nature -une immense forêt comme aux origines, peuplée d’animaux symboliques : biche, renard, aigle,corbeau - relève de l’imagination d’un Bosch ou d’un Breughel. Au milieu de ce monde tellurique, une cabane nommée Eden, où se retire un couple désespéré par la mort accidentelle de leur enfant. Désespoir, retour à la vie, tentative de rationalisation, recherche d’une nouvelle stabilité, effondrement et folie progressive. Peut on imaginer la souffrance de cette femme et de cet homme, qui vont ainsi franchir inexorablement les étapes des "trois mendiants", allégorie de l’existence humaine, cette "vallée de larmes" ? La référence aux plus grands films de Bergman s’impose, où se déchirent des êtres (Les communiants, Les fraises sauvages, Le silence ...) dans un univers qui semble se disloquer avec eux !
Dans le Prologue, le drame, en noir et blanc, c’est la musique de Haendel (la mélopée de Rinaldo, chant céleste) qui scande les images. On la réentend dans l’Epilogue, de nouveau en noir et blanc, alors que la forêt se met à bruire de personnages qui émergent de l’herbe, des arbres. Magnifique film, images inoubliables.


Lars Von Trier met en scène l’histoire tragique d’un couple. Il fait tourner sa caméra au ralenti et, en noir et blanc, imprime sur la pellicule des images d’une poésie éblouissante. Bien sûr, le fond est à l’opposé de la forme et très vite il fait la place à la cruauté des échanges, montrant la manipulation duelle des personnages avec beaucoup de subtilité.
Puis il introduit dans la narration, en sus de l’analyse du deuil et de la culpabilité, le thème de la vision de la femme au travers des âges : tentatrice, martyre, mauvaise épouse et/ou mère, dont Charlotte Gainsbourg en Satan. A partir de là nous sont assenées des images cauchemardesques de tortures diverses en gros plan. L’on crie à la misogynie ? Même pas car pour cela il aurait fallu que son propos soit sous-tendu par une cause. Les symboles n’y suffisent pas. Nous, nous sommes passés d’un film intimiste à un film d’horreur, même pas représentatif du genre : l’effroi y est absent. Qu’a-t-il voulu démontrer ? Lui seul le sait. Les spectateurs sont au mieux perplexes, aux pires écœurés : avec les scènes d’émasculation, d’éjaculations sanglantes et d’automutilation, la salle s’est vidée avec autant de rapidité que le sang du corps de Willem Dafoe…
Cet univers étrange, Lars Von Trier l’a peut-être concocté pour Cannes car où, ailleurs qu’ici, est-il possible de livrer un long métrage à la vindicte ? Je laisse le mot de la fin à un ami : « …c’est beau et dérangeant, mais à quelles fins ? »