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Snijeg (Neige)

Snijeg (Neige)

Pays : Bosnie-Herzegovine Allemagne France
Genre : Drame
Durée : 1h39
Date de sortie : Prochainement
Avec : Zana Marjanovic, Jasna Ornela Bery, Sadzida Setic, Vesna Masic, Emir Hadzihafizbegovic
Réalisateur : Aida BEGIC

Six femmes, un grand-père, quatre petites filles et un garçon vivent à Slavno, village isolé et dévasté par la guerre. Leurs familles et amis ont été tués et leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Les premières neiges vont les couper du monde et risquent de mettre leurs vies en danger. Tandis que la menace se rapproche, les villageois, menés par Alma, tentent d’échapper à la misère en vendant des confitures, des fruits et des légumes, qui ont fait la réputation du village. Deux hommes d’affaires débarquent alors à Slavno.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Nous retournons en Bosnie, dévastée par la guerre civile entre 1991 et 1996. La réalisatrice est bosniaque, née à Sarajevo en 1976. Et le film nous entraîne dans un petit village musulman perdu dans la montagne, à l’Est de la Bosnie, région conquise par les Serbes, tous les hommes du village ont été tués ou sont disparus. En 1997, ne restent donc dans ce village que les femmes et les enfants, avec le vieil imam, elle essaient de survivre en faisant des confitures, elle vivent dans leurs souvenirs et une vague espérance du retour de leurs hommes. Les descriptions de cette vie encore très fruste sonnent très juste, les enfants jouent avec entrain, les femmes réagissent chacune différemment, selon leur tempérament : l’une rêve de partir en Suède, l’autre pense à ses enfants, la mamie continue inlassablement à tisser, et Alma, la belle-fille de la femme du bey (ancien seigneur du village), s’accroche au travail, tout en rêvant à des jours meilleurs, symbolisés un bref instant par la rencontre d’un chauffeur de camion. Mais quel avenir pour ce bout du monde perdu, à 20 km de toute route ? Faut-il tout vendre et partir en ville ? La réalisatrice ne tranche pas nettement, mais elle sait mettre en valeur les richesses de ce mode de vie, présenter avec ironie les nouveaux gagneurs, rendre attachants tous ses personnages.


Un village au sein d’une terre fertile, après la guerre. Les âmes sont en ruine à l’image des maisons, la vie continue malgré les blessures. Pouvoir mettre un nom sur une perte, trouver les cadavres dont on continue à espérer la vie – puisque tel autre a survécu -, faire le deuil d’une vie révolue, tel est l’enjeu pour ces femmes bosniaques quand un Serbe vient leur proposer de revendre leur terres pour un nouveau projet gouvernemental.

Faut-il tout quitter et essayer de recommencer ailleurs, ou un nouveau départ est-il possible à partir de ce qui reste ? Le courage naît dans la certitude que Dieu n’oublie rien.

Quand, sous des pluies torrentielles, la voiture des agents serbes s’embourbe, un nouvel avenir semble possible.

Père Jacques le Fur