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Leonera

Leonera

Pays : Espagne
Genre : Drame
Durée : 1h50
Date de sortie :
Avec : Elli Medeiros, Martina Gusman
Réalisateur : Pablo TRAPERO

Julia, une étudiante argentine de 25 ans est incarcérée. Enceinte, elle a tué deux hommes. Le premier est l’un des ses amis. Le second est le père de son enfant. Le bébé finit par naître en prison. Seule dans sa cellule, elle va tenter de l’élever.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

"Tout travelling est une question de morale", disait Godard. On ne peut pas ne pas penser à cette phrase au sortir de ce film aux effets terriblement appuyés, tant au plan visulel qu’au plan sonore. Le bazooka est sans doute une arme efficace, mais à force de matraquer une cible, il n’en reste plus grand chose. Ici, on a parfois l’impression que la cible, c’est le spectateur, assailli d’images choc dès la première séquence et ensuite soumis à un flux continu d’images et de situations violentes dont l’intensité se maintiendra jusqu’à la "presque" fin. "Presque", car (ultime et classique construction scénaristisque) tout se termine sur une vision porteuse d’espoir : Julia, ayant récupéré son fils et s’enfuyant d’Argentine avec lui pour commencer ailleurs une nouvelle vie. Une bouffée d’air peu crédible après deux heures (pour nous), quatre ans (pour Julia) d’asphyxie. C’est dommage, car le thème était fort qui, à travers l’histoire personnelle de Julia et de son fils, abordait le sujet douloureux des femmes incarcérées avec leur enfant.


There have been many prison films but one like this is comparatively rare. It is a gripping film that has its audience wondering what is the right thing to do for prisoners. But this question is complicated here because the prisoners are women and the group is made up of pregnant women and women with children under the age of four, some of whom were born in prison, all of whom live in the prison, behind bars.
Leonera opens like many a crime drama. A woman wakes with blood on her hands but ignores the bodies in her apartment and goes to work and study. It is only when she returns home that the enormity hits her and, while she calls the police, she is paralysed with panic. One of the men is still alive and recovers in hospital. She, Julia, is arrested for murder.
Filmed in prison locations, most of the action takes place there, in these women’s wards. There are endless corridors and doors to be unlocked. There is solitary. There is also a common space and places where the mothers can be with their children as well as a kindergarten. (And all the time those questions about whether the children are going to be adversely affected without a male parent, living in prison and its routines, with the effect on their incarcerated mothers.) Julia is pregnant and eventually gives birth to a little boy, Tomas.
The guards are not really brutal, just tough and demanding. The head of the prison shows some sympathy, so it is not a drama of them against us, although there is a small riot and fire before the end. Rather, the women manage. Marta, a tough woman with more than one child, helps Julia, as well as making sexual advances to her. Julia’s mother who had left her 13 years earlier to live in France, returns and there is some kind of rapprochement between the two, although the mother sets in motion plans to take Tomas from prison and care for him. A lawyer gives her a script for her case but the surviving man has his own version of what happened and Julia is sentenced for wilful murder. The screenplay never quite makes clear the detail of what happened but that is not the point.
And the ending. Julia has spent many years in prison by this and has become more worldly-wise but still longs for her son. And, as the final credits roll, we are still wondering whether justice has been done for both Julia and Tomas.


Le cinquième film de ce jeune réalisateur argentin aborde un sujet inhabituel : la vie quotidienne des femmes enceintes et des mères d’enfants en bas âge en milieu carcéral et la construction chez l’une d’entre elles, Julia, du sentiment maternel. Introduit par une salve d’images violentes qui reflètent elliptiquement l’état de choc traumatique de Julia, après la découverte chez elle du cadavre du père de l’enfant qu’elle porte, la narration suit un cours linéaire à travers un scénario pour lequel l’intérêt du spectateur ne faiblit pas et des dialogues convaincants. La mise en scène sans vaines digressions donne à percevoir l’évolution affective de Julia, depuis le refus dépressif initial de sa grossesse jusqu’à la farouche détermination qui la conduit à s’évader pour conserver son enfant auprès d’elle ; et la qualité du travail d’acteur de Martina Gusman doit sans doute beaucoup aux nombreux entretiens qu’elle a menés avec les mères incarcérées. Le film, qui décrit avec émotion et sans caricature, cet univers féminin très particulier, fait une juste place à deux beaux caractères : celui de Marta, amie et presque amante de Julia, Mère Courage de ce lieu clos ; et celui plus ambivalent de Sofia, mère et grand-mère culpabilisée, complice involontaire des persécuteurs de Julia. Fresque sociale et aventure personnelle riche qui évite l’écueil de la sensiblerie comme de l’excès, le film touche par l’originalité de son propos et l’efficacité de son montage.