Primary Menu

Aden (Le Dernier Maquis)

Le dernier maquis

Pays : France Algérie
Durée : 1h33
Date de sortie :
Avec : Abel Jafri, Christian Milia-Darmezin, Sylvain Roume
Réalisateur : Rabah Ameur-Zaïmeche

Au fond d’une zone industrielle à l’agonie, Mao, un patron musulman, possède une entreprise de réparation de palettes et un garage de poids lourds. Il décide d’ouvrir une mosquée et désigne sans aucune concertation l’imam...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le tempérament original du cinéaste, qui s’est manifesté dans ses deux longs métrages précédents, créait une grande attente pour ce troisième film apparemment plus austère dans le fond et plus abstrait sur le plan formel. Sans être vraiment un Ken Loach algérien, un grand désir d’explorer les rapports sociaux et leur ambiguïté l’anime, et il utilise la forme très en vogue du docu-fiction en forme de fable pour évoquer avec ses nuances la rhétorique du patron manipulateur face à sa dizaine d’ouvriers. Autocrate sous son masque de démocrate sympathique, algérien et musulman comme eux, Mao désigne parmi eux sans prendre leur avis l’imam qu’il destine à l’espace mosquée qu’il a la bonté de leur ménager sur son terrain. L’apparente complicité des ouvriers entre eux et avec ce paron libéral s’interrompra alors brutalement quand il décidera unilatéralement de la fermeture partielle de son entreprise. En prenant le temps d’écouter la parole de ceux, maghrébins et noirs, qui ne l’ont pas habituellement le film nous vaut de très authentiques et pertinents échanges. La démarche formelle est indiquée dès les premières images avec la mise en place de la géométrie rouge des palettes manutentionnées qui dominent l’espace et dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elle figure l’abstraction des rapports sociaux et la langue de bois de Mao. Cette impression est renforcée par le ballet final ,en forme d’apothéose, des engins qui évoluent interminablement au milieu des palettes.