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Aanrijding in moscou

Aanrijding in Moscou (Moscow Belgium)

Pays : Belgique
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h42
Date de sortie : Prochainement
Avec : Barbara Sarafian,Jurgen Delnaet,Johan Heldenbergh
Réalisateur : Christophe Van Rompaey

Moscou, une banlieue ouvrière à Gand, en Belgique.
Matty, mère de trois enfants, heurte le camion de Johnny sur le parking d’un supermarché. Il est furieux des dégâts occasionnés à son pare-chocs et insulte Matty qui ne se laisse pas faire. Leur discussion se transforme alors en dispute et la police doit intervenir.
Arrivée chez elle, Matty prend un bain chaud pour se remettre de ses émotions, quand le téléphone sonne.
C’est Johnny qui appelle pour s’excuser de son comportement, mais Matty lui demande de rester hors de sa vie.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Voici un film qui rend heureux, qui tour à tour amuse et émeut profondément. Clin d’œil à « Paris Texas », « Moscow Belgium » est un road movie sentimental au sein d’une petite banlieue ouvrière de Gand. L’excellent scénario, co-écrit par le producteur lui même, développe l’ histoire simple mais non simpliste des conséquences affectives d’une engueulade sur un parking qui débouche sur un coup de foudre. Métaphore de toutes les plaies et bosses de la vie, la collision initiale n’est que le coup d’envoi d’une comédie dramatique enracinée dans la vie quotidienne d’une famille de la classe moyenne qui permet à un large public de se sentir concerné. La construction convaincante et efficace de cette histoire se déploie avec un rythme soutenu, à travers des dialogues justes et constamment drôles sans vulgarité. Justesse aussi et richesse du dessin de chacun des caractères des adultes comme des enfants - Matty, l’ employée des postes fougueuse et authentique, abandonnée par son mari pour une de ses jeunes élèves ; Werner, le mari artiste dessinateur qui voudrait garder à la fois sa femme et sa maîtresse ; Johnny, le beau camionneur italianisant, plus jeune que Matty mais très amoureux d’elle et qui séduit ses jeunes enfants mais irrite Véra, sa fille adolescente. Il faut insister sur l’interprétation toute en finesse de Barbara Sarafian en Matty, une femme au milieu de sa vie, encore amoureuse de son mari ou plutôt de son bonheur de jeune fille amoureuse. Non seulement on ne s’ennuie pas un seul instant mais, -quelquefois pas très loin des larmes-on rit ou on sourit tout le temps. Ce renouveau de la comédie dramatique romantique sur fond réaliste n’est pas sans évoquer parfois Bergman et sa peinture des rapports entre hommes et femmes ou mères et filles ; et ce très brillant premier long métrage d’un jeune réalisateur flamand fait honneur au nouveau cinéma belge.


Que faut-il pour être heureux ?
Lors de la présentation on a dit qu’il s’agit d’un film simple qui raconte une histoire simple - sans être simpliste. On peut souscrire sans réserve à ce jugement.
Aucune recherche d’effet, une caméra à distance humaine, des plans plutôt longs, tranquilles, guettant des émotions toujours justes. Aucun plan de trop, aucun mot de trop.
L’héroïne raconte à sa fille qu’à son âge elle avait su qu’elle serait heureuse. Elle voulait une vie "normale", le terme revient plusieurs fois, comme ci bonheur et normalité étaient synonymes. Et si c’était le contraire ?
Son mari l’abandonne pour une de ses élèves. Elle fait des courses. Les couleurs des étalages cachent mal le morne de sa petite vie d’employée de la poste. Arrive l’accident - l’accident c’est précisément ce qui arrive, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui constitue cet accident-ci ? Est-ce le coffre enfoncé de la voiture ou l’insistance effrontée du jeune camionneur (dont on apprend qu’il s’agit d’un ancien alcoolique ayant fait de la prison pour violence conjugale) ?
Tout va de travers. Les enfants en pleine crise d’adolescence, dont l’aînée se révèle aimer une autre fille, l’ex-mari qui ne sait pas se décider (un autre adolescent), une femme mûre qui, on le répète assez, choisit la fragilité d’un bonheur imprévu et finalement peu probable - mais qu’importe, puisque la vie elle-même n’est que fragilité et incertitude.