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24 City

24 City

Pays : Chine
Genre :
Durée : 1h47
Date de sortie : Prochainement
Avec : Joan Chen, Lv Liping, Zhao Tao
Réalisateur : Zhangke ZIA

Chengdu, aujourd’hui. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : "24 City". Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l’Histoire de la Chine.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Devenu célèbre en 2007 avec son film "Still life", le cinéaste chinois Jia Zhang Ké revient cette fois avec un film qui se présente comme un documentaire : une des grandes usines d’armement du pays ferme ses portes, après 50 ans de fonctionnement, en décembre 2007. Englobée désormais dans une ville de plusieurs millions d’habitants, elle doit être transformée en un hôtel de luxe et un quartier d’habitation. On suit simplement l’interview de huit personnes, anciens ouvriers ou fils d’ouvriers, mais Jia Zhang Ké y confirme un talent exceptionnel. D’abord par son attention aux destins des personnes, aux richesses cachées dans les vies quotidiennes, il rappelle alors les meilleurs documentaristes comme Nicolas Philibert en France. Mais le cinéaste y ajoute la capacité de faire surgir discrètement à travers ces destins individuels toute l’histoire de la Chine : l’usine a été voulue par Mao dès les années 50, pendant la guerre de Corée, sa création a entraîné le déplacement de milliers d’ouvriers venus du Nord-Est, car Mao ne se souciait guère d’imposer des délocalisations ! Ainsi une femme n’a pas revu sa famille pendant 14 ans, car il fallait alors 15 jours pour faire le déplacement ! Le film évoque aussi l’exaltation exacerbée du sentiment national ; l’amour du travail bien fait par les anciens ouvriers, alors que la nouvelle génération ne pense "qu’à gagner beaucoup d’argent". Beaucoup d’autres aspects critiques de la réalité chinoise sont évoqués, mais avec tant de subtilité qque cette simplicité apparente peut parvenir jusqu’à nous. Sans doute un des grands films de ce festival.


A serious and seriously-paced Chinese documentary on the transition of a large armaments factory to new premises, the demolition of the old building and the reminiscences of managers and workers and people associated with the factory over the years. The three generations of women presented are not actual characters but actresses performing. The site is to be used for re-development and a 5 star hotel, 24 City. The location is the Chinese city of Chengdu.

No Michael Moore histrionics or intrusions here. No Morgan Spurlock expose, humour or banter here. The series of interviews, quite long and detailed, of men and women are beautifully mounted and framed. There are momentary inserts of action, like scenes of smelting or a young girl roller-skating. But, it is mainly listening attentively to the talking heads.

The factory was part of state secret activity, especially for armaments and repairs to planes from the time of the Korean War. It continued to grow until the 70s and war with Vietnam. When arms needs fell (this comes as something of a surprise because China is still an arms supplier around the world), the factory changed to household goods like fridges and washing machines but it still wanted (and wants) to maintain its standards in aeronautics. Workers born in the 1930s, 1940s and 1950s bring their working era to life though their memories.

What is revealed is something of the history of Communist China from the 1950s and its adoption of socialism, the cultural revolution and more recent changes that have absorbed a great deal of capitalist ethos. This is especially true of the final (fictional but very real) interviewee who was born in 1982, is a fashion buyer in Hong Kong for the rich women of the city and hopes to manage a revolving restaurant at the top of a Chengdu tower.

Director Jia Zhang Ke has a reputation for documentaries and won the Venice Golden Lion for his fiction feature on the building of the Three Gorges Dam, Still Life.


Il s’agit d’une métaphore significative de l’histoire de la Chine à travers la transformation de l’ultra-secrète usine 420 à Chengdu - complexe industriel de fabrique d’ armes qui décline depuis la fin de la guerre du Vietnam- en un ensemble d’appartements de luxe . Introduite par quelques images saisissantes décrivant le travail à la chaîne encore en vigueur il y a peu, cette cinématographie de l’évolution de la société chinoise, ponctuée au cours du film par des photos statiques d’employés, d’ateliers ou de familles se déploie à travers les interviews de trois générations mêlant, beau symbole en situation, travailleurs et acteurs professionnels : vieux ouvriers évoquant les vicissitudes de la révolution culturelle ; évocations nostalgiques ou attendries de leur vie par "petite fleur" la plus belle des employée ou Mr Song, jeune directeur quadra ; contrastant avec la soif de consommation d’une jeune femme nouveau riche. Sous nos yeux se déploie une Chine nouvelle qui se construit ou se reconstruit comme une terre promise, dans la fiévre nationaliste, en un lien revendiqué avec son passé.
Les cadrages sont surprenants qui exaltent la géométrie des espaces,- portes ou fenêtres ouverts sur de vastes chantiers -, et on note le soin apporté à certaines respiration entre les interviews dont les contours sont adoucis par des chansons sentimentales mélodieuses et attendrissantes. Ce film sécrète une passionnante petite musique au charme discret qui est peut-être le reflet de l’empathie du réalisateur pour ses personnages qu’il élève, en les écoutant longuement, à la dignité de sujets de l’Histoire.

Père Jacques le Fur