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He Fengming (Chronique d’une femme chinoise)

Hors compétition
He Fengming (Chronique d'une femme chinoise)

Film : Chinois.
Genre : Documentaire
Durée : 3h06.
Date de Sortie : prochainement.
Réalisé par : Wang Bing.

L’hiver en Chine. Une ville enneigée. Le jour tombe. Enveloppée dans son manteau, une femme s’avance lentement. Elle traverse une cité puis rentre dans son modeste appartement. Fengming s’installe au creux du fauteuil de son salon. Elle se rappelle. Ses souvenirs nous ramènent aux débuts, en 1949. Commence alors la traversée de plus de 30 ans de sa vie et de cette nouvelle Chine...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film ambitieux de plus de 3 heures risque, sur un unique plan fixe quasi continuel d’une vieille femme chinoise de Lan zhou, en majesté, assise dans son petit salon, un formidable témoignage qui déroule avec minutie, détresse et révolte plus de 30 ans de sa vie, prise dans les remous des dérives maoïstes antidroitières des années 50 puis de la révolution culturelle, qui ont brisé plus de 550.000 personnes. Une mise en scène impressionnante insère cette page d’histoire personnelle poignante entre la « longue marche » de Feng Ming qui regagne au début du film de son pas crissant sur la neige son modeste logement, et le silence final de sa table de travail où, contre l’oubli, elle rédige maintenant ses mémoires. La narratrice cadrée en plans larges , rarement entrecoupée de plans plus rapprochés nous tient paradoxalement en haleine par le ton généralement distancié qu’elle adopte, quelquefois altéré cependant par l’émotion que libère l’évocation des cruels événements qui blessent irrémédiablement sa vibrante militance révolutionnaire. Quand elle raconte la découverte de la mort de son mari, journaliste interné dans un autre camp que le sien, et ses efforts infructueux pour retrouver sa tombe nous sommes bouleversés, et le détail des offrandes présentées par elle et le fils qui n’a jamais connu son père, nous rappelle aux plus anciens rites de l’humanité qui permettent, dira-t-elle simplement, de « dire au revoir ».