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Ten Canoes

Un Certain Regard
Ten canoes

Film : Australien.
Genre : Aventure.
Durée : 1h30min.
Date de Sortie : Inconnue.
Avec : Richard Birrinbirrin, Johnny Buniyira, Peter Djigirr.
Réalisé par : Rolf De Heer.

Australie, il y a très longtemps... au temps des tribus. Dix hommes partent dans le marais pour la collecte des oeufs de « gumang », les canaroies semi-palmées.
Dayindi, un jeune guerrier (incarné par Jamie Gulpilil, fils du célèbre acteur aborigène, David Gulpilil) convoite la plus jeune épouse de son frère aîné. Pour lui apprendre les bonnes manières, son frère aîné lui raconte un récit édifiant puisé dans les mythes de leur passé - le récit violent et comique d’un amour interdit sur fond d’enlèvement, de sorcellerie, de querelle et de vengeance qui tourne mal.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

On est souvent gêné lorsque le cinéma s’empare, pour les mettre en scène, de modes de vie de populations très éloignées de la nôtre. Quelle authenticité peut-on reconnaître à ce qui est ainsi montré ? Le fait que le rôle des anciens aborigènes soit joué par leurs propres descendants peut-il suffire à garantir la véracité du propos ? Il est vrai que le film se présente comme une fiction dans la fiction. Et cet emboîtement est très habilement fait par un va et vient entre des événements passés (en noir et blanc) et la légende plus ancienne (en couleur) qui apporte un éclairage à ces mêmes événements.


De toutes les couleurs entre Génèse et mythe fondateur.
L’esprit de Dieu planait au-dessus des eaux pourrait être le texte de la voix-off, mais nous sommes au dessus d’un marais en un long plan en plongée totale, panoramique et horizontal, en Australie. Les images sont en couleurs puis la voix nous annonce l’histoire d’une tribu arborigène "d’avant", du temps des ancêtres, et nous partons avec elle à la chasse aux oeufs de "gumang" avec des images en noir et blanc. Deux frères sont rivaux, (tiens tiens encore un point commun avec la Génèse) et l’ainé raconte une histoire à son cadet : les images se présentent alors en couleurs ! C’est l’histoire dans l’histoire, les ancêtres chez les ancêtres et l’évocation des mythes communs de l’humanité : la création, la fraternité rivale, l’initiation, l’autorité, les femmes convoitées, l’honneur. Ce film, au caractère ethnologique marqué, est très bavard pour respecter la tradition orale des arborigènes, heureusement il comporte de très belles images et des acteurs non-professionnels qui apportent la touche d’authenticité à tous ces récits ... mythiques.


Rolf de Heer’s name in the final credits comes at the end of a long list of aboriginal names. The film is also described as ‘a film by Rolf de Heer and the People of Ramingining. Basically, this is an Australian aborigines’ film. It tells their story (and stories within stories), in their way, performed and sung by aborigines, many of them non-professional actors. It can serve as a model for other films of this kind. It also serves as a cinema documentation of an ancient way of life, lore and law which was always oral, never written.
It is important to note and praise the beauty of the photography (both black and white and colour) of the Northern Territory’s Arnhem Land), the landscapes, the water holes and swamps, the bush.
David Gulpilil is telling his story to us the audience and addresses us, invites us to look and listen and, according to aboriginal time which is not something to be chronologically measured, be patient as the story takes its own time, with interruptions, to unfold. He invites us to experience something of the Dreaming, the mythical ‘time’ of aboriginal myth.
And, for us non-aborigines in the audience, especially the descendants of the late-comers to the land, we hear the original language, we are privy to the day by day activities, the men’s chatter and jokes, the patterns for hunting, the plight of the women. We see aborigines as human and humane and, for want of a less patronising-sounding word, ‘sophisticated’ in a way that should never be underestimated.