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Summer Palace (Palais d’été)

Sélection Officielle
Summer Palace

Film : Français Chinois.
Genre : Drame.
Durée : 2h20min.
Date de Sortie : Prochainement.
Avec : Hao Lei, Guo Xiaodong.
Réalisé par : Lou Ye.

Dans les années 90, des étudiants chinois apprennent la liberté et l’ouverture au monde.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

A travers Yu Hong, Zhou Wei, Ti Li etles autres, c’est le portrait de toute une génération que dresse Lou Ye. Une génération saisie entre leur entrée à l’université de Pékin et leur vie d’adulte, quelques années plus tard, quand la vie a séparé ceux que les études avaient rapprochés.Une génération désenchantée, ballottée par l’existence dans une sorte de mouvement brownien, sans valeurs ni certitudes où se raccrocher, et qui subit plus qu’elle ne maîtrise son destin. S’il est souvent - et même surtout - question d’amour dans ce film,et si on le fait souvent, c’est davantage pour l’éviter que pour le vivre dans ce qu’il implique d’engagement personnel. "Je t’aime, tu m’aimes,on se quitte parce que c’est trop dangereux", telle est un peu la morale panique des personnages,plongés dans une difficulté à être dont la froideur grise ne fait que rendre plus sensible l’incandescence du besoin de vivre qui les habite et qu’ils ne parviennent à exprimer que lors de rares fulgurances.


Despite so many good features of Summer Palace, it is, in the end, deeply unsatisfying. This may be a male point of view as the central focus is on a female character who is not only a puzzle to the men in her lives, especially those who fall in love with her, but she remains an enigma to herself. The film is based on her diary where she confides the passions, the confusion, the poetry and the wilful destructiveness that control her life and prevent her from living up to the ideal she craves and settling, however temporarily, for less than she might have.
There is so much material in the plot that, as it hurries over some episodes and dwells lengthily on others, it resembles a miniseries edited for the cinema. And what the director has chosen to include and what he has chosen to pass over is not necessarily what the audience wants - or needs, to understand the characters and their motivation a little better. The action ranges from 1987 to 2003.
But there is much well worth seeing. China has been changing over the last two decades, especially in the aftermath of the Cultural Revolution and its cultural repression. By the late 1980s, students were living and demanding a ‘freer’ lifestyle, closer to that of the west. The demonstrations in Tiananmen Square in 1989 have become symbols of this desire for change. The characters here are caught up in the movement - and footage from the time is inserted. However, there are no spelt out reasons for this revolutionary student movement. It is presented as a fact (although the deaths in June are not featured).
There is much to admire but a lot of frustration in what sometimes seem arbitrary shifts of time, place and attention to characters (of course, life is like that).


Ce beau film chinois est d’une grande ambition. Il suit comme fil directeur l’histoire d’une jeune fills de province, qui obtient son accession à la Faculté de Pékin en 1988. Autour d’elle, se déploient en cercles concentriques de nombreux aspects de la vie en Chine dans les dernières décennies : la difficulté pour des jeunes de trouver leur identité dans cette société en pleine mutation ; les difficultés des relations amoureuses, lorsque tout est devenu possible, mais que chacun se chercher avec désespoir. Au coeur du film se trouve aussi le contexte politique de l’aspiration du monde étudiant à plus de liberté et de la répression à Tien-An-Men en 1989. La sortie de la vie étudiante ne fait pas diminuer la difficulté à être soi-même.
Antonioni abordait en Occident dès 1960 la difficulté de communication entre homme et femme, la solitude, le rêve d’un bonheur inaccessible. Le cinéaste chinois Lou Ye retrouve tout cet univers en contexte chinois, trente ans après. L’être humain aspire au bonheur absolu, mais ne le trouve pas dans cette société. "En quel prison gémit tout être fini" écrivait déjà le théologien Hans Urs von Balthasar. Lou Ye reprend ce message pessimiste, dans un film sans doute trop ambitieux, trop long, pour être complètement convaincant.


Dès le générique le parfait accord entre le fond et la forme du film est sensible : la scène d’amour, première d’une longue série, n’est pas une banale scène de sexe mais un moment de tendresse et de désir amoureux, qui traduit , à la surprise du spectateur , une très grande liberté de ton. Dans ce film, le réalisateur donne, enchassée dans les bouleversements politiques et sociaux de 1987 à 2003,- qui ne sont cependant rien d’autre qu’une toile de fond-, une chronique nuancée de la vie affective et sexuelle des jeunes chinois de sa génération qui ont eu 20 ans à la fin des années 80 .Le seul fil narratif de cette chronique est représenté par la lecture-écriture intermittente, en voix off, par l’héroïne du film, Hong yu, de son journal intime qui livre avec une émotion très juste son sentiment tragique de la vie. Peut-être encore jamais suggérée avec autant d’intensité l’éruption du désir, -amoureux, politique, moral-, dans cette jeunesse chinoise la rend à son Universel : désir de liberté, désir libéré qui suscite un grand et beau film romantique sachant montrer par des images , comme le fait aussi Garrel dans les Amants réguliers, que la vie est faite d’amour , de solitude et de mort. Hong Yu et Wei Zhou sont un peu les archétypes des amants éternellement enchaînés l’un à l’autre, quels que soient les événements historiques qu’ils traversent.On doit louer la photographie chaleureuse et pudique des scènes amoureuses et le travail sur la lumière des paysages, de même que la vitalité du montage des scènes effrénées de manifestations militantes ou festives et le mariage réussi de la bande son à la trame affective.