Primary Menu

Juventude em marcha

Sélection Officielle
Juventude en marcha

Film : Portugais.
Genre : Drame.
Durée : 2h35min.
Date de Sortie : Prochainement.
Avec : Maria do Céu Barbosa, Mario Ventura Medina.
Réalisé par : Pedro Costa.

Clotilde a décidé de quitter son mari Ventura, ouvrier cap-verdien de la banlieue de Lisbonne.
Perdu entre l’ancien quartier délabré où il a vécu jusqu’à présent et son nouveau logement dans un bloc HLM tout juste achevé, tous les jeunes paumés que Ventura rencontre deviennent ses propres enfants.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Une femme quitte un homme. Tragiquement, et en le blessant. De cette scène elle-même, on ne verra rien. Elle sera rendue autrement, par un long plan fixe, sans rapport direct avec la querelle, plongé dans une ombre d’où émergera à peine la lame d’un couteau et le visage de la femme prononçant un monologue au contenu apparemment sans lien avec le contexte direct. Et pourtant on est alors en plein dans ce contexte et dans ce film qui fonctionne par des sortes de métonymies, et où la mise en scène procède par des glissements d’une cause à un effet distinct, mais aussi par des silences, par des non-dits, par de très longs plans fixes cadrant des personnages d’une immobilité de dormeurs, par des regards qui ne se croisent pas... Avec, comme sujet moteur, la détresse de l’homme abandonné, plongé dans une errance somnambulique ; et qui ressasse les mots à l’adresse de l’absente pour hâter son retour : "Je te donnerai (...) cent mille cigarettes et la petite case de lave dont tu rêves..."
On le voit, c’est le genre de film qui vous skotche ou qui vous horripile.


Cette lente mais superbe plongée dans le temps arrêté des travailleurs des "îles de l’ouest" immigrés à Lisbonne s’empare dès les premières images de nos yeux et de nos oreilles pour ne plus les lacher. Il est rarement accordé au spectateur de percevoir avec autant d’intensité les pouvoirs du cinéma. Le sentiment de claustration, de déréliction et de répétitivité sans avenir de ces destinées est magnifiquement traduit par de longs plans fixes composés avec raffinement et percutés à l’exclusion de toute musique par une bande son entièrement naturelle qui restitue le grain des voix. Les décors à la Fritz Lang accusent le contraste entre le "quartier" confiné et les murs blancs et nus du HLM de relogement. Très travaillés les cadrages et l’organisation des plans rendent sensibles la géométrie des volumes, la distribution des couleurs et l’épanchement de la lumière. La référence picturale est constante : contre plongées sur des personnages aux nobles visages graves partiellement éclairés, enfermés dans des pièces sombres ; natures mortes aux violents effets picturaux à la Cézanne. Le silence qui sourd de ces vies enfoncées dans l’exil tranche sur le chant nostalgique d’un électrophone, une poignante lettre d’amour indéfiniment répétée, la toux rebelle d’une jeune phtisique. Avec son titre dérisoire pour un tragique fado cap verdien , ce film envoûtant se mérite


This is a work of cinema art. However, art does not have the same impact on all audiences. For those whose sensibility leads them to stay in the sensing present, appreciating what is up there on the screen, this film could be a rewarding contemplation of characters speaking their minds and their lives. For those of a more intuitive sensibility, whose attention is less immediately focused, this could be an ordeal, requiring a fixed patience that may not seem justified.
Acknowledgement must be given to the director’s skill in working for 15 months with minimal artifice, digital camera and a series of very long takes with fixed camera. An old man whose wife leaves him wanders his neighbourhood talking but mainly listening to the problems of a group of people he sees as his children.
This could work well as theatre where the live actor is the centre of attention rather than cinema where one is too conscious of performance. It is also the stuff of radio drama where the imagination creates the person as one listens. At worst this is like being in public transport, forced to listen to loud one-sided mobile phone conversations that intrude and one can’t escape from.