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Babel

Sélection Officielle
Babel

Film : Américain.
Genre : Drame.
Durée : 2h15min.
Date de Sortie : Octobre 2006.
Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal.
Réalisé par : Alejandro González Inárritu.

Tout commence en plein Atlas marocain. Pour tester un fusil que leur père
leur à confié, deux adolescents tirent sur un bus en fond de vallée, mais la balle sortant de l’arme va aller beaucoup plus loin que tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Sur le principe de l’effet papillon, des vies vont alors être bouleversées à travers le monde : un couple d’Américains en vacances, une baby-sitter mexicaine ou encore une adolescente japonaise sourde et son père.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

"Après 21 grammes", l’attente du spectateur est immense et l’ambition du réalisateur ne l’est pas moins qui entreprend d’embrasser dans une seule oeuvre les bouleversements entraînés dans la vie de 3 familles marocaine, californienne et mexicaine par le suicide d’une femme japonaise ! De fait les trois séquences d’exposition sont fascinantes qui plantent avec vigueur et clarté le décor lourd de menace de ce western planétaire et tressent avec virtuosité la trame romanesque qui relie chacune des trois histoires. Dès lors la mise en scène fait, comme nous y a habitué le cinéaste progresser ou régresser, hélas sans surprise, la narration, car même si on peut en effet apprécier son habile navigation aux trois coins du globe, la mécanique semble cependant beaucoup trop bien huilée et produit un résultat très inégal : si le traitement de l’image et de la bande son de la séquence des sourds-muets en boîte est saisissante, celui du mariage mexicain et de ses suites est bien plat et les échanges affectifs dans le couple américain très stéréotypés. Le ton général de ce mélodrame est du reste aggravé par le surlignement d’une musique assez banale et même le happy-end général ne nous convainc pas totalement.


Voici un des films les plus brillants de ce Festival, réalisé par un cinéaste déjà au sommet de son art. Chacune des séquences, dans le Sud-Marocain, à la frontière américano-mexicaine ou dans la mégapole de Tokyo est menée avec un brio exceptionnel. Mais ce talent de mise en scène est mis au service d’histoires qui justifient pleinement le titre du film. Tout se tient dans notre planète en pleine mondialisation. Le cadeau d’un riche Japonais à son guide marocain "un guide remarquable et un homme bon" peut déclencher un drame au retentissement international. Mais dans ce monde aux connexions multiples, les abîmes culturels subsistent, des incompréhensions, des différences, des crises d’identité. Le tsunami de la fin 2004 avait déjà souligné ces abîmes culturels entre touristes fortunés et populations locales. Ici, les jeunes filles sourdes-muettes d’un milieu riche à Tokyo sont comme une parable vivante des difficultés du dialogue et de la communication dans un monde qui se croit si développé dans ce domaine. Nous sommes toujours à Babel. Un film remarquable, qui a toutes chances d’être présent au Palmarès.


Babel : tour ... du monde.
C’est un film spirale qui emporte le spectateur et renverse beaucoup de vies sur son passage. Deux thèmes principaux apparaissent. D’une part, qu’on soit adolescent au Japon, au Maroc ou à la frontière mexicaine, les conséquences de certains actes au-delà des limites de la raison sont désastreuses et pour la famille et pour ces jeunes. Erreurs fatales, comme des cris poussés par une jeunesse qu’on écoute peu, qui retournent des situations qu’on croyait pourtant solides. D’autre part, si la mondialisation veut réduire le monde à un village, ce film nous montre que le fossé des inégalités demeure et qu’il se révèle béant surtout quand le Nord visite le Sud. Un tel scénario, ciselé minutieusement, induit un montage parallèle rythmé que l’on suit avec acuité, tension et suspens augmentant. On est habité longtemps après avoir parcouru ce monde, fût-ce du haut d’une tour.


D’où vient que ce film aux consonances bibliques par le titre soulève en moi tant d’émotions et de réactions passionnées ? Eh bien, s’il m’est encore possible de rassembler mes pensées pour donner une cohérence à tout cela, je dirais qu’ Iñárritu touche à l’essentiel de notre humanité contemporaine, bouge en nous une réflexion sur notre monde si divisé, si perdu dans sa diversité, et pourtant si semblable dans nos malheurs individuels, causés par les préjugés, les limites culturelles et linguistiques. Sans parler des méfaits de la politique dite "internationale" !
Que nous soyons dans le pays du Sud Marocain au milieu d’éleveurs de chèvres, soudain traversé par un car de touristes, ou à la frontière du Mexique où une bab-sitter mexicaine sans papier emmène deux enfants américains, ou encore à Tokyo dans un groupe de jeunes filles sourd-muettes en mal de garçons, la force magique de ce film nous emporte. Avec le rythme haletant des images, des musiques,et des bruits du monde, nous découvrons peu à peu les liens entre ces différents lieux de vie.Et nous rencontrons notre inter-dépendance... Nous vivons de plein pied avec les personnages qui par leur extraordinaire présence , nous inondent des sons de leur langue maternelle et nous émeuvent par leur détresse et leur incapacité à dominer leur destin, comme scellé par un engrenage inexorable.
Oui, ce film, qui est une splendide réussite, où le contenu implicite du discours et la forme filmique utilisée sont en adéquation (c’est rare), est jusqu’à ce jour l’évènement majeur du Festival.


A very fine film.
Writer Guillermo Arriaga brings his now famous skill in presenting several interwoven stories while playing with timelines (Amores Perros, 21 Grams, and winner of the 2005 Cannes award for screenplay, Melquiades Estrada). Director Inarritu shows great sensitivity, impressive craft and finesse as he moves with ease from the deserts and mountains of Morocco to the deserts and villages of Mexico to the neon brightness of central Tokyo. There is an arresting score and such vivid photography that the landscapes become characters in the stories. Inarritu and Arriaga have opted to be more accessible than in their previous films.
Many of the cast are non-professionals, especially in the Moroccan stories where the family in the mountains, especially the two young boys, stand out. The stars are excellent as well.
Babel is the Genesis image : God confounds the human race by creating languages, confusion, misinterpretation. Inarritu notes that while languages separate (Moroccan from American, Spanish from English, Japanese from sign language), there is a common human spine, a common human core. Suffering can destroy but it can also lead to transformation and reconciliation.