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L’enfant

Selection officielle
L'enfant

Film français, belge (2004). Drame.
Durée : 1h 35mn. 
Avec Jérémie Renier, Déborah François, Jérémie Segard, Olivier Gourmet, Stéphane Bissot ...
Réalisé par Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Date de sortie : NC

Bruno, 20 ans, et Sonia, 18 ans, vivent de l’allocation perçue par la jeune fille et des larcins commis par le garçon et sa bande. Sonia vient de donner naissance à Jimmy, leur enfant. L’insouciant Bruno doit alors apprendre à devenir père, lui qui jusqu’alors ne se préoccupait que de l’instant présent.

(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Il y a des constantes dans l’oeuvre des frères Dardenne. Déjà dans leur façon de filmer, la caméra à l’épaule, s’attachant à leurs personnages dans tous les sens du terme, les suivant sans relâche par des gros plans ou des plans rapprochés à l’arrière desquels l’horizon est fermé. Dans le choix de leurs héros ensuite, toujours des brisés de la vie et aussi dénués de perspectives que les cadrages qui les enferment.
Les très jeunes parents dont il s’agit dans L’enfant sont exemplaires dans le genre. Ils ont quelque chose de prématurés de l’existence, jetés trop tôt et sans couveuse sur le pavé du monde. Avec les déficiences qui en résultent, aussi bien sur le plan matériel que sur celui de la psychologie et de l’acquisition de valeurs. Certaines de ces déficiences, vues de l’extérieur, peuvent paraître des monstruosités : comment rendre attachant un jeune père qui n’hésite pas à vendre son nouveau-né en disant à sa compagne, "On en aura un autre" ? Il y a tant d’empathie chez les frères Dardenne qu’ils y parviennent.

Voici un des grands films de ce Festival. Les frères Dardenne continuent leur exploration de la situation des jeunes paumés dans les banlieues de nos grandes villes, en l’occurence la banlieue de Liège. Ils ont conservé tout leur talent ; un regard aigu sur ces jeunes qu’ils savent suivre de près, une caméra qui se passionne pour ces bords abîmés de la Meuse, une attention soutenue à ce monde en marge qu’ils savent si bien révéler dans ses richesses cachées comme dans ses faiblesses et ses fragilités. Mais, après "Rosetta" et "Le Fils", tournés avec frénésie, il semble qu’ils atteignent une plus grande sérénité, une acuité aussi attentive, mais plus calme.

On suit ici un jeune couple, qu’on rejoint au moment où la jeune femme, Sonia, 18 ans, vient de mettre au monde.un bébé. Dès lors le couple va évoluer différemment : la jeune fille accède brusquement à la maturité, s’occupe de son enfant, le garçon, lui, reste dans son infantilisme sympathique et ses petts coups foireux avec sa bande. Tout sonne juste : il faudra qu’il dépasse les bornes, que sa bêtise la plus grave soit bloquée, qu’un autre vol à la tire le conduise en prison, pour qu’enfin, dans la scène finale, les deux se retrouvent et, dans les larmes, amorcent une réconciliation..

Moins fort que "Le Fils", moins novateur que "Rosetta", ce film a pour lui un regard apaisé sur ces situations hors de toutes normes morales ou sociales, mais vécues en réalité par des êtres humains qui sont exactement nos semblables. Et les deux principaux interprètes (dont Jérémie Rénier) pourront être des candidats aux Prix d’interprétation.

 


The Dardenne Brothers know Liege and its environs well. They know the life of the working classes and the unemployed. They have been in the territory of L’Enfant before, with their Cannes award-winning Rosetta. It is something of a surprise to see them return there after the powerful complexities of Le Fils. In fact, L’Enfant needs some of these complexities.
 
L’Enfant is rather a misleading title. The newborn child, Jimmy, is important to the plot, showing us the love of his young and naïve mother and the callow and irresponsible attitudes of his father. But, then the film focuses for the most part on Bruno, the father, a petty thief who traps himself in impossible situations. Bruno is not a likeable character, the cyclist whose pillion passenger snatches bags from helpless people in the streets and then spends the money on jackets and arcade games. As a portrait of this young man and his assumption that society owes him a living, the film is effective if not particularly engaging. It is full of naturalistic sequences and detail that ring true – but perhaps the Dardennes can make a sequel. It would be much more interesting to see whether Bruno can really change and make something worthwhile of his life.