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Don’t come knockin’

Selection officielle
Don't come knocking

Film allemand, français.
Genre : Romance
Durée : 2h02min
Avec Sam Shepard, Jessica Lange, Tim Roth
Réalisé par Wim Wenders
Date de sortie : 12 Octobre 2005

Une histoire d’amour contemporaine située en Amérique du Nord.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Enfin ! Voici Wim Wenders revenu à son inspiration des meilleures années, celles de "Paris, Texas" et des "Ailes du désir". Et ceci, dans les deux domaines qui on fait sa réputation. D’abord, une manière admirable de filmer ces grands paysages de l’Ouest américain, de l’Utah au Névada, puis au Montana, paysages que parcouraient déjà les deux films mentionnés. Wim Wenders retrouve ici son gôut pour les road-movies, baignés de nostalgie, de vague à l’âme, paysages magnifiés par les westerns : c’est d’ailleurs par une scène de western que commence ce film.

Et Wenders retrouve aussi une histoire comme il les aime : un homme blessé, qui ne sait plus ce que peut être sa vie, jusqu’alors brûlée par les deux bouts. C’est d’abord la fuite à tout prix, puis progressivement le retour vers le passé : sa mère d’abord, pas vue depuis trente ans, puis la recherche d’une femme connue autrefois et du fils qu’elle a pu avoir de lui. On est ici en plein romantisme, mais c’est alors que Wenders donne le meilleur de lui-même. A travers les difficultés, le film progresse vers une fin très belle, lorsque père et fille (car cet homme a aussi une fille), se rejoignent par la main, comme Dieu et l’homme dans la célèbre fresque de Michel-Ange. C’est donc, à nouveau, comme plusieurs fois dans ce Festival, un film sur la réconciliation. Un film applaudi, qui ne devrait pas laisser indifférent les divers Jurys.

 


Des fils à la recherche de leur père, c’est un classique du cinéma. La tendance nouvelle, thème récurrent dans ce festival, ce sont les pères en quête de leur rejeton abandonné. Il y a déjà eu celui de Broken Flowers. Wim Wenders reprend le flambeau aujourd’hui avec un père abandonneur qui présente la même particularité que celui de Jim Jarmusch : il ignorait tout de la conséquence d’une éjaculation de fortune, vingt ans plus tôt. Et, encore comme chez Jarmusch, s’il se décide à se mettre sur la piste, c’est après un constat amer : arrivé aux portes de la vieillesse, le bilan de sa vie se résume à pas grand chose.

Là s’arrête la comparaison avec Jarmusch, car chez Wim Wenders ce père défaillant n’est pas n’importe qui aux yeux de l’Amérique : il s’appelle Howard Spence ; il a connu la gloire en tant qu’acteur de western, incarnant le rêve américain. Mais derrière ce rêve, quelle misère intérieure, quelle détresse, quels échecs !

Comme dans Land of Plenty, c’est un cri d’alarme sur l’Amérique d’aujourd’hui que lance Wim Wenders dans ce film très riche. Mais, là aussi, la noirceur du tableau est adoucie par la présence d’un personnage de jeune fille, figure angélique d’espoir et de réconciliation. Dans Land of Plenty elle descendait du ciel, arrivant de Jérusalem. Ici, elle s’appelle tout simplement "Sky".

Père Jacques le Fur