Primary Menu

Bataille dans le ciel

Batalla en el cielo

Film mexicain, belge, français, allemand (2004).
Drame.
Durée : 1h41mn.
Date de sortie : Prochainement
Avec Brenda Angulo, David Bornstien, Marcos Hernández, Diego Martinez Vignatti, Alejandro Mayar...
Réalisé par Carlos Reygadas

Marcos, le chauffeur d’un général, est hanté par l’issue tragique d’un enlèvement d’enfant qu’il a perpétré avec sa femme. Fragilisé, il se confesse à Anna, la fille de son patron...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

J’attendais avec une certaine curiosité le deuxième long métrage de Carlos Reygadas, et je n’ai pas été déçu. Autant dire tout de suite que c’est en bien...Car "Japon", présenté en 2002 à la Quinzaine des réalisateurs, avait soulevé quelques émois dans certains publics cinéphiles ! Et j’avais défendu le film, bec et ongles.

Ce nouveau film vaut le détour. C’est bien de rencontrer des réalisateurs comme Reygadas, c’est à dire atypiques dans leur sincérité et leur audace, ne reculant devant rien pour faire passer leur imaginaire, leurs obsessions. Marcos, le "héros" du film, est gros, adipeux,à la répartie lente. Avec sa femme, il est responsable de la mort d’un enfant ..celui même qu’ils ont kidnappé ! Evidemment il est quelque peu perturbé. C’est curieux, quand même, de le montrer, dès le début du film, en train de recevoir une fellation par une jeune femme ! D’ailleurs, on verra dans le film beaucoup de corps nus, homme et femme. Leur nudité crève l’écran...mais je vous dis que ce n’est pas pornographique, pas plus que certains tableaux de Rubens ou de Ribeira, pas plus qu’ un certain "Origine du monde"de Courbet...

La trajectoire de cet homme, au sens propre et figuré, est singulière. Des bras de sa femme aux effusions avec Ana, la fille de son patron ; de la cérémonie aux drapeaux (évocation impressionnante de la Patrie mexicaine) au pélerinage gigantesque à travers Mexico (l’Eglise !), où Marcos va chercher la rédemption...

On peut trouver certaines longueurs, on peut refuser la répétition de scènes scabreusement charnelles. Mais, malgré tout, le film témoigne d’une recherche personnelle qui mérite considération.


It might be useful to ask the reasons for the resounding ovation at the end of the screening. Enthusiastic and supportive Mexicans ? An insightful portrait of contemporary Mexico City ? A stylish piece of cinema ? Or, more than perhaps, that the director was extending boundaries in depictions of up-front, in-your-face sexual sequences ? Maybe, all of the above.

Similar issues were explored in the cinematically austere Sangre – and to clearer and more involving effect. Here we have another middle aged male sleepwalking through life, almost unfazed as the baby he and his wife have kidnapped dies, as he has sex with the daughter of the general he chauffeurs who works in a bordello. And why the sudden violence towards a woman he declares he loves ? Mad passion ? Is it that ‘we kill the thing we love the most ? Is this a particularly Latin perspective on life that eludes more sanguine cultures ? Again, maybe, all of the above.

What is particularly Latin is what the director describes as Mexicans’ religion as not being spirituality but ritual. This comes to the fore when the central character assumes the role of penitent as he goes on his knees in pilgrimage to the cathedral of Nuestra Signora de Guadalupe : sin, sacrifice, repentance, redemption.

Shot in a cinema verite style, with long takes observing the passing parade as well as the intimacies of the central characters, the film keeps us dispassionate about passion.


Pour son deuxième film, Carlos Reygadas a voulu frapper fort. Il y a deux ans, "Japon" avait conquis par la magnificence des paysages mexicains, et par l’intensité des relations entre les personnages, où l’érotisme et la violence se conjuguaient. Ici, il s’est cru obligé d’aller plus loin encore. Pour la crudité des images d’abord : il dépasse les tabous qui subsistaient encore dans la représentation de la sexualité. Pour la violence ensuite : rapt d’enfants, meurtre incontrôlé : mais le "Je t"aime, je te tue" n’est pas exactement nouveau.

Reste un domaine nouveau, qu’il dénonce ici avec une force extrême : la religion populaire des foules mexicaines, cette frénésie irrationnelle à la recherche d’une réalité supérieure, qui permettrait de se libérer du poids de la culpabilité et des contraintes de l’existence. L’auteur y met un tel excès qu’il n’est guère convaincant.

Certes ce film manifeste comme le premier un très grand talent dans la composition des images, dans les cadrages, dans la lente attention aux personnages, souvent filmés de près. Mais est-ce suffisant ? Film ambitieux ou film prétentieux ? Je penche pour la deuxième position. Tout ce qui est excessif est insignifiant.