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Or (mon trésor)

OR (mon trésor)

Film israélien (2003).
Drame.
Date de sortie : Prochainement
Réalisé par Keren Yedaya

Ruthie et Or, une mère et sa fille de 17 ans, vivent dans un petit appartement à Tel-Aviv. Ruthie se prostitue depuis une vingtaine d’années. Or a déjà essayé plusieurs fois et sans succès de lui faire quitter la rue.
Le quotidien de Or est une succession sans fin de petits boulots : faire la plonge dans un restaurant, laver des cages d’escaliers, récupérer des bouteilles consignées, tout en allant au lycée quand elle le peut.
L’état de santé de Ruthie devient critique. Alors que sa mère sort d’un énième séjour à l’hôpital, Or décide que les choses doivent changer.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Tout ce qui brille n’est pas d’or.

Encore un film qui nous dit que le monde d’aujourd’hui n’a aucune issue. Par de très longs plans fixes, Keren Yedaya nous raconte l’histoire d’une jeune fille, Or, qui malgré un acharnement héroïque pour sauver sa mère de la prostitution, échoue. Pire, elle tombe à son tour dans le même cycle infernal. Injustice complète des sentiments car Or se préoccupe de tous sauf d’elle, et ni son entourage, ni sa mère, ne lui montrent les limites du monde. Comme pour appuyer ce sentiment de fatalité, les deux femmes sortent souvent du cadre de la caméra qui reste, elle, immanquablement en place. Rigidité de la société d’une part et rigueur du regard du spectateur de l’autre, ne laissent aucune chance à Or que celle de se perdre. Désespéré, désespérant et bouleversant.


On pense à Rosetta pendant la première partie du film, avec ce couple mère-fille où les relations sont inversées : c’est la fille, Or, qui materne la mère, la protège, et tente de l’arracher à la prostitution. Ce maternage est plein d’amour, malgré des échecs répétés. Et l’on se demande combien de temps Or tiendra le coup. On aime le contraste entre le sordide des scènes de passe de la mère, et la tendresse et l’allégresse des étreintes entre Or et Ido. Scènes qui conduisent le spectateur à espérer... Mais une autre scène, pathétique celle-là, nous fait comprendre qu’Or baisse les bras : sa mère se prépare pour "sortir" et ne s’aperçoit pas du changement qui s’est opéré chez sa fille, légèrement vêtue et très maquillée. Elle ne voit pas non plus que ce n’est pas sur elle, la mère, qu’Or pleure mais sur elle-même et son propre devenir. Film désespéré.