
2003.
Durée : 2h 39mn.
Date de sortie : Prochainement
Réalisé par Jonathan Nossiter
Sur trois continents, Mondovino met en scène les sagas de succession de tout-puissants milliardaires de Napa, Californie, les rivalités de deux dynasties aristocrates florentines, et les conflits de trois générations d’une famille bourguignonne se battant pour conserver ses quelques hectares de vigne. Mais toutes ces luttes ne sont-elles pas secondaires à ce corsaire espiègle de Bordeaux portant allègrement la bonne parole de la modernité de l’Italie à l’Argentine en passant par New York ?
Le vin a été un symbole de la civilisation occidentale pendant des millénaires. Jamais le combat pour son âme n’a été aussi féroce. Il n’y a jamais eu tant d’argent et de gloire en jeu.
Mais l’ordre de bataille n’est pas celui auquel on s’attend : locaux contre multinationale, simples paysans contre capitaines d’industrie. Dans le monde du vin, les suspects habituels ne sont jamais où on les attend.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
14 mai 2004
Voilà un documentaire qui devrait plaire à José Bové. Non pas qu’il parle d’OGM ou de Mc Donald, mais en tout cas c’est bien de mondialisation qu’il s’agit. Le champ de bataille, ici, ce sont les vignobles. A travers le vin qu’ils produisent, deux parties du monde s’affrontent. D’un côté, la France : de vieilles familles ancrées dans un terroir, un savoir transmis de génération en génération, un métier accompli avec un amour presque religieux. De l’autre, les Etats-Unis, la Californie plus précisément. Ici le vin est un produit qu’il s’agit de développer avec deux idées de base : le rendre aussi bon que celui de France, l’adapter progressivement au goût du consommateur. Et les deux adversaires luttent à coups d’investissements croisés et de supports médiatiques influents. Au premier rang de ceux-ci, "le Parker", guide qui note les vins et où tout le monde veut figurer. Au top, bien sûr. Tour de force du marketing, le Parker est américain. C’est donc à l’aune du goût et des intérêts US que les vins français sont jugés. Alors, José Bové, on brûle le Parker ?
14 mai 2004
"Et je suis fière d’être bourguignonne ... !"
Jonathan Nossiter jeune réalisateur américain qui vit en Europe a exercé le métier de sommelier et a parcouru le monde depuis vingt ans à la rencontre de ceux qui donnent naissance au vin : les vignerons. En fait dans les métiers de la vigne trois catégories de personnes existent : les "marketeurs" du vin qui fabriquent un produit en Californie au goût éphémère. Ils raisonnent par marque, en général leur nom. Ils sont soutenus par des "promotteurs de marques" tels que LE critique de référence (américain)qui note ces "produits" et fixe les prix et LE consultant, qui se dit oenologue, français, qui signe les bouteilles qu’il promeut (sorte de Méphisto qui fait planter des cépages connus, partout dans le monde). Enfin restent d’"irréductibles Gaulois", Languedociens, Sardes et Bourguignons qui vivent le vin avec la philosophie de l’amour et du partage. Résistant aux sirènes du goût uniformisé en laboratoire ils prêchent l’identitaire et l’identifiable. En 2H38 la lutte est rude et filmée de façon abrupte volontairement. Alors vive le Pommard qui reste en bouche !