Primary Menu

Maladie tropicale

Maladie tropicale

Film français, thaïlandais (2004).
Drame.
Durée : 1h 58mn.
Date de sortie : 03 Novembre 2004
Avec Sakda Kaewbuadee, Banlop Lomnoi, Sirivech Jareonchon, Udom Promma, Huai Deesom...
Réalisé par Apichatpong Weerasethakul

Keng, le jeune soldat, et Tong, le garçon de la campagne mènent une vie douce et agréable. Le temps s’écoule, rythmé par les sorties en ville, les matchs de foot et les soirées chaleureuses dans la famille de Tong. Un jour, alors que les vaches de la région sont égorgées par un animal sauvage, Tong disparaît. Une légende dit qu’un homme peut être transformé en créature sauvage... Keng va se rendre seul au couer de la jungle tropicale où le mythe rejoint souvent la réalité.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Sommes-nous réellement le public adéquat pour Tropical Malady ? Construit en deux parties extrêment différentes, on est plongé successivement dans un univers assez banal et sans événement marquant (nous montrant la relation amoureuse qui se développe entre un jeune soldat et un jeune paysan), puis dans un univers beaucoup plus sombre et onirique, renvoyant à une légende chamanique. Bien des clefs culturelles nous manquent pour entrer pleinement dans cette deuxième partie mais c’est celle qui parait la plus intéressante. Elle aurait d’ailleurs pu se suffire à elle-même. Dans l’obscurité de la jungle tout devient signe d’une présence cachée : les bruits, les lueurs, la végétation, les animaux. Le soldat ne sait pas ce qu’il cherche : un homme nu en fuite ? un tigre qui s’est attaqué au troupeau des paysans ? lui-même ? La forêt et ses habitants sont beaucoup plus qu’un décor. Il s’agit de réels protagonistes du récit, de cette quête de vérité de l’homme appelé à dompter en lui la bestialité sous peine de retourner à l’animalité.


La caméra prend le temps de donner du temps auprès de Keng et Tong. L’un est soldat, l’autre paysan. La vie qu’ils mènent sur les plateaux du nord de la Thaïlande est douce, tendre, agréable jusqu’au jour où Tong disparait concomitement à l’égorgement de vaches dans la région. Or selon une tradition locale, il se raconte qu’un humain peut être transformé en une autre créature. Alors Keng part à sa recherche et s’enfonce dans la jungle tropicale. Si en première partie du film on regarde simplement en baignant dans une ambiance de bien-être, en deuxième partie on scrute obstinément dans la pénombre de la jungle les indices d’une présence. Là, c’est oppressant. Des plans simples et superbes ; une palette de tons et des soupçons de lumière remarquables... le moindre regard ou geste est présent ; le moindre craquement ou crissement est perçu ; le moindre souffle ou murmure est entendu. C’est beau mais c’est lent, len---t et lon---g. Qu’il est difficile d’entrer dans la poétique et l’écriture filmique d’une autre culture !