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La Vie est un miracle

(Hungry heart)
La vie est un miracle

Film serbe, français (2002)
Comédie dramatique.
Durée : 2h 34mn.
Date de sortie : 14 Mai 2004
Avec Slavko Stimac, Vesna Trivalic, Natasa Solak...
Réalisé par Emir Kusturica

Que pourrait-il y avoir de mieux pour le village qu’une ligne de chemin de fer touristique ? Et que pourrait-il y avoir de pire pour le tourisme que la guerre ?
Luka construit sa voie ferrée et ferme les yeux sur la guerre, davantage préoccupé par un âne qui bloque les rails. Mais sa femme, Jadranka, le quitte pour un musicien qui promet de relancer sa carrière de chanteuse d’opéra, et son fils, Milos, est appelé à l’armée. La vie de Luka devient une zone de guerre jusqu’au jour où il rencontre Sabaho...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

ZIVOT JE CUDO (La vie est un miracle)

Tonitruant et chaotique, comme toute l’oeuvre de Kusturica, dont on a l’impression qu’il fait toujours le même film, malgré quelques variations dans le scénario. Luca, le serbe bienveillant et pacifique, est bien le seul à donner une image positive de l’humanité, au milieu de tous ces personnages frustes, bagarreurs, imbibés d’alcool, hystériques et hurlant. On ne peut se résigner à voir là un portrait authentique des Serbes et des Bosniaques. Et le couple qui se forme entre Luca le serbe et la musulmane, tel celui de Roméo et Juliette, ne suffit pas à nous faire croire au titre "la vie est un miracle". Evidemment la luxuriance des images et le foisonnement musical peuvent enchanter certains mais risquent d’en fatiguer beaucoup d’autres.


Bis repetita ...

Quand un bon réalisateur se répète, que se passe-t-il ? On a l’impression d’avoir déjà vu le film ... Dans "La vie est un miracle" on retrouve tous les ingrédients de la recette kusturikienne : l’âme slave et ses débordements avec ses beuveries permanentes, ses pleurs, ses fêtes, ses sentiments exacerbés (et exa-serbés), son machisme, ses fantasmes poétiques (comme le lit des amoureux qui vole au-dessus de superbes paysages), une basse-cour qui emplume l’atmosphère et une musique omniprésente amplifiée par de nombreux cuivres. Et la guerre ? Elle disparait sous la réalisation baroque au même titre que l’histoire d’amour. Dommage.


Par souci de clarté, sans doute, Kusturica annonce vite ses références shakespeariennes : "La vie est un théâtre" fait-il citer avec insistance par un de ses personnages. Effectivement, comme chez Shakespeare, on trouve un mélange constant des genres, avec des passages incessants du comique au tragique, du grotesque au poignant ou au sentimental. Le sujet, aussi, pourrait être shakespearien :la guerre de Bosnie à ses débuts, deux communautés qui se déchirent, un personnage central, Luka, qui tombe amoureux d’une jeune musulmane prisonnière, mais doit l’échanger contre son propre fils, captif des musulmans. En prime, ce qui est propre à Kusturica : la musique, le baroque et le délire de la mise en scène... Délire ? Délire très (trop ?) calculé peut-être. Kusturica sait toujours jusqu’où il peut aller trop loin, et fournit un produit formaté, calculé palme, et portant l’étiquette de la marque. Plus gênant, le traitement "léger" de l’horreur de la guerre bosniaque. Une légéreté qui, personnellement, m’a mis mal à l’aise. Finalement, ici, tout est bien qui finit bien : c’est peut-être là le miracle annoncé. Mais on était prévenus : c’est du théâtre !