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La Nina santa

La nina santa

Film argentin (2003).
Drame.
Durée : 1h 50mn.
Date de sortie : 15 Septembre 2004
Avec Carlos Belloso, Mercedes Morán, Alejandro Urdapilleta...
Réalisé par Lucrecia Martel

Un hiver, à la Ciénaga. Amalia et Josefina, deux amies de seize ans, se retrouvent à l’Eglise pour parler de leur foi. Mais elles évoquent aussi leurs premières attirances pour les garçons, les premiers baisers échangés. Amalia va mettre sa foi à l’épreuve en essayant de sauver un homme du pêché : un respectable médecin de province qui va perdre ses illusions.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Dans la famille tête à claques : la fille, la sainte n’y touche du titre qui hésite entre suivre ses émois sexuels naissants avec un père de famille ou se laisser (em)porter vers une mystique populaire, mariale et obsédante. Deuxième du genre : la mère qui convoite le même homme que sa fille. Troisième phénomène : l’objet des désirs de ces dames incolore, indécis et un rien vicieux. Enfin dernier dindon de la farce : la réalisatrice en piste pour le prix du plus mauvais scénario.


Révélée il y a deux ans par "La Cienaga", Lucrecia Martel retrouve la province argentine et semble régler ses comptes avec son aodlescence : une éducation religieuse idéaliste et moralisante (ce qui, hélas, a existé), qui laisse toute la place à côté à l’éveil des désirs et de la sexualité. Les deux adolescentes du film vivent en même temps l’influence de cet idéalisme religieux frelaté et les premières expériences troublantes. Les adultes, eux, médecins en congrès, ne sont guère plus au clair avec leur sexualité, et se comportent en adolescents attardés. Tout cela dans l’atmosphère fiévreuse, confinée, quasi surréaliste, d’un hôtel de province sorti d’un imaginaire baroque. Ce n’est qu’à moitié convaincant, malgré la présence rayonnante de Mercedes Moran, dans le rôle d’une femme divorcée et libre, qui domine la distribution.


Après La Cienaga et sa piscine, Lucrecia Martel poursuit son voyage en eaux troubles. Dans son nouveau film aussi on trouve une piscine, celle au bord de laquelle la toute jeune, et aspirant à la sainteté, Amelia regarde l’homme mûr Jano (médecin en colloque) se baigner et, dans le même temps récite passionnément une invocation à la Vierge. C’est là une admirable scène où se condense l’essence de ce film consacré à la "confusion des sentiments" et que Stefan Zweig n’aurait pas renié : tout est dit dans ces regards qui expriment le désir et dans ces paroles incantatoires qui appellent au secours contre lui. Entre Amelia qui ne sait pas ce qu’elle veut et Jano qui sait ce qu’il ne doit pas vouloir, le Satan de la tentation contre lequel se bat la pieuse Amelia a de quoi tendre ses pièges. Il ne s’en prive pas.