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A tout de suite

A tout de suite

Film français (2003).
Drame.
Durée : 1h 35mn.
Date de sortie : 25 Août 2004
Avec Isild Le Besco, Ouassini Embarek...
Réalisé par Benoît Jacquot

Quand elle raccroche le téléphone après un “A tout de suite” de son amoureux, elle sait bien sans le savoir encore ce qu’elle ne savait pas du tout : celui qu’elle aime, ce “prince“ de nulle part, il est bandit, il vient de commettre un hold-up, il y a mort d’hommes. C’est dans les années 70, elle a 19 ans, et “tout de suite“ justement, comme on rêve éveillé, elle bascule tête la première de l’espace contraint par l’appartement paternel - longs couloirs, beaux quartiers - à une géographie fugueuse - de l’Espagne au Maroc et à la Grèce - et d’une vie de jeune fille presque rangée à sa vie comme elle l’aura voulue pour le meilleur et pour le pire.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Pour rendre plausible son saut dans le temps Benoît Jacquot filme les folies adolescentes de son héroïne en noir et blanc et souvent caméra à l’épaule. Il nous plonge dans les années 70 au lendemain de la libération des moeurs et de l’explosion de la famille bourgeoise. Isild Le Besco casse son image d’ingénue pour interpréter cette jeune femme inconsciente qui transgresse les règles et qui agit par instinct en suivant un jeune bandit jusqu’en Grèce en passant par le Maroc et avec de faux papiers. Abandonnée à elle-même elle s’assume, de jour comme de nuit. Ces scènes de sexe, parfois torrides, sont filmées avec un tact et une délicatesse rarement atteintes. Un film passion pour les nostalgiques de mai 68.


Où trouver l’absolu dans un monde désespérément plat ? Si l’on naît pauvre, tous les moyens sont bons pour accéder à l’argent, considéré comme source du bonheur. Si tout vous est fourni dès la naissance par la famille, reste l’amour-passion, foudroyant, total : c’est ce que vit ici Isild Le Besco (merveilleuse ici, peut-être son meilleur rôle), et elle s’y jette à fond, à corps perdu. Benoît Jacquot sait admirablement mener cette nouvelle histoire de Tristan et Yseult, cette dérive de Paris à Madrid, puis de Tanger à Athènes. il le fait dans un film en noir et blanc, pour souligner l’aspect intemporel de l’aventure, située dans les années 70. Il reste fidèle à ses thèmes favoris, cette soif d’absolu à partir de l’amour qu’on trouvait déjà dans "Le septième ciel" ou "la Tosca". Bien sûr, comme pour "Bonnie and Clyde", l’histoire finit mal. Comme il est difficile que les rêves viennent habiter la réalité !